L’exploitant de la centrale de Fukushima, Tokyo Electric Power Company (Tepco), relance l’opération d’extraction des débris radioactifs à l’intérieur des réacteurs. Après un report dû à des problèmes techniques lors de la mise en place des équipements, Tepco prévoit de reprendre l’extraction le 10 septembre 2024. Cette manœuvre vise à récupérer une petite quantité, environ 3 grammes, parmi les 880 tonnes de matériaux contaminés encore présents. L’analyse de cet échantillon est cruciale pour évaluer l’état des réacteurs et les risques résiduels.
Le tsunami de 2011 a endommagé trois des six réacteurs de la centrale, provoquant la fusion des systèmes de refroidissement et déclenchant la plus grave catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl. Depuis, la gestion des débris radioactifs reste l’un des défis les plus complexes du démantèlement. Tepco a développé des robots capables de fonctionner dans des environnements à haute radiation pour explorer et retirer ces matériaux, en s’appuyant sur une technologie avancée pour minimiser les risques.
Technologie et défis de l’extraction
L’opération utilise une sonde robotique conçue pour supporter des niveaux de radiation élevés. Le bras mécanique de la sonde doit atteindre les débris radioactifs en environ une semaine et les ramener à la surface après quatre semaines d’opérations. L’extraction est essentielle pour obtenir des données précises sur les conditions internes des réacteurs. Les résultats influenceront les prochaines étapes de démantèlement et les stratégies de gestion des risques.
En février dernier, Tepco a déjà déployé des drones et un robot serpentin pour cartographier les zones les plus endommagées, mais des problèmes techniques ont interrompu la mission. Cette fois-ci, l’accent est mis sur des procédures rigoureuses pour éviter de nouveaux contretemps. Le retrait des débris est une priorité stratégique pour progresser dans le démantèlement de la centrale, un processus qui pourrait s’étendre sur plusieurs décennies en raison de la complexité des opérations.
Tensions internationales et gestion des eaux contaminées
Depuis août 2023, le Japon a commencé à rejeter dans l’océan Pacifique l’eau contaminée, préalablement traitée et stockée sur le site de la centrale. Cette démarche, validée par l’International Atomic Energy Agency (IAEA), a provoqué des réactions négatives, notamment de la part de la Chine, qui a suspendu ses importations de produits de la mer japonais. La Russie a également suivi cette voie, alimentant les tensions régionales.
Bien que les autorités japonaises assurent que l’eau rejetée a été traitée pour réduire les niveaux de radioactivité, ces mesures n’ont pas apaisé les inquiétudes de certains pays voisins. La surveillance continue de ces rejets et leur impact potentiel reste un point central dans les discussions internationales concernant la gestion post-Fukushima.
Perspectives du démantèlement à long terme
Le processus de démantèlement de Fukushima représente un enjeu majeur pour l’industrie nucléaire et le Japon. Les décisions prises aujourd’hui, basées sur l’état des réacteurs et des débris, détermineront la feuille de route des prochaines années. La récupération des débris n’est qu’une étape parmi d’autres dans ce projet de longue haleine, qui nécessite des innovations technologiques et une coordination étroite entre les acteurs impliqués.
L’issue de ces opérations influencera les discussions sur la sécurité nucléaire et les politiques énergétiques futures, à la fois au Japon et à l’échelle mondiale. Le secteur surveille de près ces développements pour tirer des enseignements et ajuster ses propres protocoles de sécurité et de gestion des risques.