Le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo), projet porté par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), vient de franchir une nouvelle étape décisive. Le Groupe permanent d’experts pour les déchets, sous l’autorité de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), a rendu un avis technique positif concernant la sûreté à long terme du site de stockage. Cigéo vise à enfouir sous terre, à environ 500 mètres de profondeur, les déchets radioactifs issus principalement des centrales nucléaires françaises. Ces déchets, extrêmement dangereux, devront y rester confinés durant plusieurs centaines de milliers d’années.
Validation technique et défis à relever
Selon l’avis rendu public par l’ASNR, les analyses techniques effectuées démontrent que le projet Cigéo offre une capacité robuste de confinement des déchets radioactifs à long terme. Cette robustesse concerne notamment les risques liés à l’effondrement potentiel des alvéoles de stockage ou à l’apparition d’éventuelles failles géologiques. Toutefois, les experts ont identifié plusieurs points nécessitant des approfondissements complémentaires, en particulier concernant les propriétés de la couche argileuse utilisée pour le stockage. Celle-ci, âgée d’environ 160 millions d’années, joue un rôle essentiel pour garantir l’étanchéité à très long terme.
Les risques d’incendie et d’explosion, notamment pour les déchets radioactifs conditionnés dans du bitume (déchets bitumés), restent également des points d’attention non entièrement résolus. Par ailleurs, les experts demandent davantage de précisions sur l’efficacité des scellements qui fermeront définitivement les tunnels et les galeries souterraines après leur remplissage. Ces aspects techniques devront impérativement être clarifiés pour assurer la pleine conformité du projet avant la délivrance de l’autorisation définitive.
Engagements de l’Andra et prochaines étapes réglementaires
Face à ces recommandations techniques, l’Andra s’est engagée officiellement à réaliser rapidement les études complémentaires exigées. La prochaine étape réglementaire importante sera l’enquête publique, prévue pour fin 2026, qui permettra aux différentes parties prenantes, y compris les producteurs de déchets nucléaires et des ONG spécialisées, de faire entendre leur voix. À l’issue de cette consultation publique, l’ASNR remettra son avis final de synthèse à la mi-novembre 2025.
Sous réserve du respect intégral des exigences émises par les experts et après validation de l’enquête publique, un décret gouvernemental pourrait autoriser formellement la création du site Cigéo dès fin 2027 ou début 2028. Le chantier de construction débuterait alors rapidement, afin de respecter l’objectif de mise en service du site pour accueillir les premiers déchets nucléaires dès 2050. Entre-temps, la poursuite des investigations techniques demeure cruciale pour la bonne marche du projet.