EDF a affiché lundi sa “confiance” dans le calendrier de l’EPR de Flamanville (Manche), avec un chargement du combustible prévu dans environ un an, tout en reconnaissant disposer de faibles marges.
EDF est confiant, malgré le peu de marge
“Le planning qui nous amène à un chargement du combustible environ dans un an n’est pas un planning avec beaucoup de marge, mais dans lequel nous avons confiance”, a déclaré lors d’une conférence de presse Xavier Ursat, directeur chargé de l’ingénierie et des projets du nouveau nucléaire.
C’est “une centrale qui est près de l’état d’exploitation”, “on peut dire aujourd’hui qu’on est en situation quasiment de pré-exploitation”, a-t-il estimé.
Le chantier a compté de nombreuses difficultés, parmi lesquelles des soudures qui doivent être reprises.
“La première partie du chemin critique pour nous amener en gros dans un an au chargement du combustible, c’est évidemment de terminer les grosses soudures du circuit secondaire principal, qui ont beaucoup avancé” et ensuite de mener “un travail de finition”. EDF devra ensuite conduire des essais d’ensemble à partir du début de l’année prochaine et obtenir l’autorisation de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avant de démarrer.
EDF avait annoncé en janvier de nouveaux retards pour Flamanville, dont le chargement du combustible nucléaire est désormais attendu au second trimestre 2023. Le chantier cumule ainsi 11 ans de retard et son coût estimé a grimpé à 12,7 milliards contre 3,3 milliards prévus initialement.
Après le chargement du combustible, la montée à 100% de puissance du réacteur se fera progressivement sur plusieurs mois. La production sur le réseau électrique est prévue au deuxième semestre 2023, a indiqué M. Ursat.
Des incidents dans les autres EPR
La Chine compte les deux premiers EPR à être entrés en service dans le monde, mais l’un d’entre eux avait dû être arrêté l’été dernier en raison d’un incident. Selon EDF, ce sont les “crayons” contenant les pastilles de combustible qui ont été endommagés par de petits ressorts. Pour Flamanville, EDF propose à l’ASN que les ressorts en question bénéficient d’un traitement thermique particulier.
Conséquence de ce problème, “nous allons changer les assemblages (de combustible) qui vont être installés en périphérie” du coeur du réacteur à Flamanville, a expliqué M. Ursat.
Mais ce changement est “compatible avec le calendrier” et ce problème “ne remet pas en cause la conception de l’EPR”, a-t-il assuré. Plusieurs réacteurs d’EDF en activité en France ont par ailleurs connu des problèmes de corrosion sur certains circuits, qui ont conduit à leur arrêt.
Selon M. Ursat, la configuration des circuits de l’EPR signifie que “la probabilité d’apparition de ces corrosions sous contrainte est faible” mais “il faudra faire l’analyse des causes complètes” des problèmes sur le parc existant pour en être certain.
Un troisième EPR a été terminé en Finlande, tandis que deux autres exemplaires sont en construction en Angleterre. En France, le Président Emmanuel Macron avait annoncé en février un programme de construction de six autres EPR en France, avec une étude pour huit de plus.
“Nous savons que ce programme industriel est fondamental pour le pays. Il nous appartient du côté d’EDF et de la filière à être prêt à l’engager dans de meilleures conditions, en particulier en respectant les plannings et les coûts”, a souligné Xavier Ursat.