Décarbonation européenne : coûts, défis économiques et avenir du gaz naturel

L'Europe envisage plusieurs stratégies énergétiques à l'horizon 2050, révélant des coûts très variables et un avenir incertain pour la demande en gaz naturel, sur fond de pression politique pour atteindre la neutralité carbone à moindre coût.

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La décarbonation du secteur énergétique européen fait aujourd’hui l’objet d’une attention particulière des gouvernements, des entreprises énergétiques et des marchés financiers. Face aux objectifs fixés par l’Union Européenne, notamment une réduction nette des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 90 % d’ici 2040 par rapport à 1990, le secteur s’interroge sur les coûts économiques induits et sur la place qu’occupera le gaz naturel dans ce nouveau paysage énergétique. Selon une étude récente, plusieurs scénarios de décarbonation soulignent les compromis nécessaires entre ambition politique, réalités économiques, et stabilité des approvisionnements.

Des coûts très variables selon les scénarios

La modélisation des différents chemins possibles vers la neutralité carbone met en évidence d’importantes disparités de coûts. Dans le scénario baptisé « Accelerated Path to Net Zero », qui correspond à une réduction rapide des émissions de GES de 90 % d’ici 2040, les coûts marginaux de réduction (Marginal Abatement Costs, MAC) atteindraient un niveau prohibitif, estimé à 17 246 euros par tonne de CO₂ équivalent (€/tCO₂e). Ce scénario, bien qu’aligné avec l’objectif politique ambitieux de l’Union Européenne, nécessiterait un investissement massif en technologies bas carbone, impliquant d’importantes contraintes financières pour les entreprises et les États membres.

À l’opposé, le scénario « Linear Path to Net Zero », qui prévoit une réduction progressive des émissions à hauteur de 76 % en 2040, puis une neutralité totale en 2050, présente des coûts significativement moindres. Ce scénario affiche un MAC d’environ 420 €/tCO₂e en 2040, montant à près de 1 944 €/tCO₂e en 2050. Malgré cette réduction substantielle, ces coûts restent élevés, reflétant les difficultés économiques croissantes liées à l’élimination des dernières émissions résiduelles.

Des scénarios intermédiaires, sans atteindre la neutralité carbone complète, offrent des coûts sensiblement plus abordables. Ainsi, le scénario de référence prévoit un coût marginal limité à 318 €/tCO₂e en 2050, alors qu’un scénario à haute tarification carbone fixe ce coût à environ 445 €/tCO₂e. Ces scénarios démontrent que d’importantes réductions d’émissions peuvent être atteintes avec un coût nettement inférieur aux scénarios de neutralité complète, notamment grâce à un rôle prolongé du gaz naturel.

Le rôle stratégique du gaz naturel en question

La demande européenne en gaz naturel sera directement impactée par les politiques énergétiques adoptées dans les prochaines années. En 2023, l’Europe (UE27, Royaume-Uni, Norvège et Suisse) consommait environ 407 milliards de mètres cubes (bcm) de gaz. En fonction des scénarios modélisés, cette demande pourrait évoluer de manière significativement différente à horizon 2050. Dans le scénario de référence (« Baseline »), sans neutralité carbone, la demande serait réduite à 291 bcm. Avec un scénario de haute tarification carbone (« High Carbon Price »), la consommation descendrait encore davantage, autour de 250 bcm.

Cependant, dans les scénarios de neutralité carbone, la baisse de la demande serait beaucoup plus marquée : seulement 160 bcm pour le scénario linéaire et 141 bcm pour le scénario accéléré en 2050. Ces scénarios impliquent un recours massif aux énergies renouvelables ainsi qu’à l’hydrogène vert (produit par électrolyse). Bien que cette évolution soit marquée, le gaz naturel garderait néanmoins un rôle stratégique majeur jusqu’en 2040, notamment comme matière première pour la production d’hydrogène à faible teneur en carbone via la capture, utilisation et stockage du carbone (Carbon Capture, Utilisation and Storage, CCUS).

Résistance des secteurs finaux et nécessité de politiques complémentaires

L’étude souligne également la faible élasticité de la demande en gaz naturel face à la hausse des prix du carbone, particulièrement avant 2040. Cette résistance provient essentiellement des coûts élevés associés à la transition dans les secteurs finaux comme l’industrie, les transports et le résidentiel. Même avec une tarification carbone élevée (jusqu’à 445 €/tCO₂e), le gaz continue à jouer un rôle majeur dans ces secteurs en raison des investissements importants requis pour basculer vers des alternatives bas carbone.

Par conséquent, la simple tarification carbone ne suffira pas à atteindre rapidement les objectifs de neutralité carbone de l’Europe. Des politiques complémentaires sont nécessaires pour accélérer la transition. Parmi celles-ci figurent le financement massif d’infrastructures énergétiques bas carbone, l’incitation fiscale à la R&D dans les technologies innovantes, et l’instauration de normes environnementales strictes.

L’intégration à grande échelle des marchés internationaux du carbone ainsi que l’importation accrue de ressources énergétiques bas carbone pourraient constituer des leviers complémentaires, réduisant ainsi la pression financière interne et offrant des marges de manœuvre plus importantes aux économies européennes.

Entre ambition climatique et réalités économiques

La modélisation présentée offre un cadre rigoureux permettant aux décideurs de mesurer précisément les coûts économiques des ambitions climatiques européennes. Elle démontre que, si la neutralité carbone reste techniquement réalisable, elle entraîne des coûts économiques exponentiellement croissants à mesure que l’échéance de 2050 approche. Ainsi, les décideurs devront arbitrer entre ambition politique et capacité économique, tout en anticipant les risques liés à un éventuel retard technologique ou à un verrouillage dans des solutions intermédiaires coûteuses.

Les prochains choix politiques européens en matière énergétique détermineront non seulement l’avenir climatique de l’Europe, mais également sa compétitivité économique et industrielle à long terme, à mesure que le marché mondial évolue rapidement vers une concurrence accrue dans les technologies énergétiques bas carbone.

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