La Chine est appelée par le président de la COP26 à poursuivre ses engagements pour le climat « avec plus d’urgence ». L’objectif du pays d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060 exige une feuille de route claire et des détails sur la stratégie adoptée, pour l’instant non diffusés. Le cabinet d’étude Wood Mackenzie analyse les points essentiels de la politique chinoise, en vue de la COP26.
La Chine veut atteindre la neutralité carbone pour 2060
Le premier pays émetteur de carbone a annoncé il y a un an qu’il visait la neutralité carbone, d’ici à 2060. Le président Xi Jinping n’a pourtant pas exposé les détails de cet objectif, alors que la Chine est au cœur de la problématique climatique. La COP26 qui se tiendra à Glasgow en novembre 2021 dépendra surtout des ambitions et réalisations chinoises.
C’est pourquoi le président de la conférence, Alok Sharma, souligne le caractère urgent de la poursuite des engagements climatique. Et la nécessité d’annoncer une feuille de route détaillée.
Des objectifs plus précis attendus
La Chine annonce vouloir atteindre un pic d’émissions de carbone d’ici à 2030, et la neutralité carbone d’ici à 2060. Or, le pays n’a pas dévoilé de plan stratégique pour ce faire. Wood Mackenzie qualifie « d’étape critique » la soumission d’une feuille de route détaillée avant novembre.
Il s’agirait de concrétiser les ambitions chinoises. Notamment, définir des objectifs clés pour toutes les provinces et tous les secteurs de l’économie. Mais également expliciter la stratégie pour changer la production et la distribution d’énergie, à l’heure où l’électrification est essentielle.
Selon Wood Mackenzie, le pays devra développer les technologies de capture, utilisation et stockage du CO2, et de l’hydrogène vert. Afin de décarboner les secteurs industriel et des transports.
La flexibilité au nom du retard de développement
Xi Jinping est décidé à tracer sa propre voie vers la neutralité carbone : il estime avoir besoin de flexibilité pour atteindre les objectifs climatiques à long terme. Pour lui, ce sont aux pays développés d’investir le plus, raison pour laquelle il s’est ajouté une marge de 10 ans pour le net zéro.
Pour atteindre le pic de carbone d’ici à 2030, la Chine investit massivement dans les énergies renouvelables et l’électrification des transports. Mais entre les préoccupations concernant la sécurité énergétique et les récentes pénuries d’électricité, l’électricité au charbon poursuit son développement.
De fait, l’interdiction des nouvelles centrales au charbon semble peu probable avant 2025, le plan quinquennal ayant réaffirmé son soutien à cette industrie. La Chine fait face à un double défi de sécurité énergétique et de croissance économique. Voilà qui l’incitera à toujours faire preuve de flexibilité et de nuance pour atteindre ses objectifs.
Pour une tarification carbone, mais mondiale
La Chine a lancé en juillet 2021 son système d’échange des quotas d’émissions de carbone (ETS), gage de sa bonne volonté pour le climat. Mais celui-ci présente des lacunes. D’abord, parce qu’il ne concerne que le secteur de l’électricité, qui représente 40% des émissions carbone de la Chine.
Mais également parce que le prix de la tonne de carbone est trop bas, fixé à 7,7$/tCO2. Cela représente à peine 0,5% des coûts de production annuels d’une centrale au charbon. Wood Mackenzie préconise d’augmenter le prix à 109€/tCO2 ; à titre comparatif, les prix de référence des quotas de carbone européens (EU ETS) ont dépassé fin août les 60€/tCO2.
Cependant, la Chine a exprimé son soutien à l’article 6 de l’Accord de Paris, qui vise un marché mondial du carbone. Le pays s’oppose seulement au mécanisme d’ajustement des frontières carbone de l’UE, étant son premier partenaire commercial.
Impossible transition sans la Chine
Pour la Chine, les pays développés doivent multiplier les investissements pour répondre aux objectifs climatique, chez eux et à l’extérieur. De cette manière, le pays compte bien bénéficier des avantages économiques.
En effet, la Chine domine la fourniture et la transformation de la plupart des matières premières nécessaires aux batteries et autres technologies zéro carbone. Ainsi, elle fabrique déjà les trois quarts des batteries lithium-ion produites dans le monde, la moitié des véhicules électriques et près de 70% des panneaux solaires.
Vers un leadership sur le changement climatique ?
Malgré des objectifs peu définis, la Chine veut s’attribuer la place de leader mondial dans la lutte contre le changement climatique. Alors que les États-Unis, présidés par Donald Trump, avaient laissé ce rôle de côté. Face à Joe Biden, la donne change et la Chine devra redoubler d’efforts pour construire une véritable position de leader.
Pour Wood Mackenzie, cela pourrait encourager des politiques chinoises plus audacieuses en matière de carbone et de technologie. Quoi qu’il en soit, cette bataille du plus écologique ne peut qu’avoir une influence positive sur la COP26.