Abdelmadjid Tebboune, candidat à un second mandat, met en avant son bilan économique pour convaincre les électeurs à l’approche du scrutin du 7 septembre. Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, il focalise sa politique sur la restructuration des finances publiques, la lutte contre la corruption et le soutien aux revenus de la population. Le chef de l’État souligne une croissance économique de 4 % depuis 2022, soutenue par la hausse des prix du gaz naturel, un secteur clé pour l’Algérie. Cette dépendance énergétique reste cependant une vulnérabilité structurelle de l’économie algérienne.
Des finances publiques renforcées mais dépendantes
Tebboune annonce une augmentation des réserves de change, désormais estimées à 70 milliards de dollars, et se félicite d’avoir « remis le pays sur les rails » en matière de gestion financière. L’État, qui reste tributaire des revenus des hydrocarbures représentant 95 % des recettes en devises, bénéficie d’un contexte international favorable, avec des prix énergétiques élevés depuis le début du conflit en Ukraine. Ces conditions permettent au gouvernement d’améliorer son solde budgétaire et de limiter le déficit. En interne, la politique anti-corruption de Tebboune se traduit par des poursuites judiciaires contre plusieurs personnalités influentes de l’ancien régime de Bouteflika, ce qui contribue également à cette reprise financière.
Cependant, la question de la diversification économique se pose avec acuité. Les réformes proposées restent insuffisantes pour réduire la dépendance aux ressources fossiles. Alors que le monde se dirige vers des transitions énergétiques, l’Algérie peine à trouver des relais de croissance au-delà des hydrocarbures. Cette situation expose le pays aux risques de volatilité des marchés internationaux, impactant directement les finances publiques et les politiques sociales mises en place.
Stratégie sociale pour apaiser les tensions internes
Face aux attentes de la population, Tebboune met en œuvre des mesures de soutien telles que l’augmentation des salaires du secteur public, des retraites et la création d’une allocation chômage destinée aux jeunes. Lors d’un rassemblement récent à Oran, il promet la création de 450 000 emplois et l’augmentation de l’allocation chômage mensuelle. Cette stratégie vise à atténuer les critiques internes, notamment celles issues du mouvement Hirak, qui dénonce un manque de réformes politiques substantielles depuis la chute de Bouteflika.
Les critiques persistent néanmoins. Des analystes, tels que Hasni Abidi du CERMAM à Genève, estiment que ces mesures sont davantage des tactiques de gestion de crise à court terme que des solutions de fond aux défis socio-économiques de l’Algérie. La répression continue des voix dissidentes et l’absence de dialogue national inclusif indiquent que la gouvernance de Tebboune reste ancrée dans la continuité du système existant, plutôt que dans une transformation politique en profondeur.
Relations extérieures et diplomatie sous pression
Sur le plan international, Tebboune tente de réaffirmer l’influence de l’Algérie, notamment au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Cependant, les relations bilatérales connaissent des tensions croissantes. Une nouvelle crise éclate avec la France, après le soutien apporté par Paris au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, provoquant le rappel immédiat de l’ambassadeur algérien. Ce refroidissement diplomatique complique la position de l’Algérie dans ses relations avec ses partenaires occidentaux et régionaux.
Les tensions avec le Maroc, notamment sur la question du Sahara occidental, continuent d’alimenter les frictions. En parallèle, la situation sécuritaire et les relations avec le Mali posent des défis à l’Algérie, qui cherche à jouer un rôle stabilisateur en Afrique du Nord et au Sahel. Ces enjeux diplomatiques et sécuritaires exigent des ajustements constants dans une région marquée par des instabilités.
Le prochain mandat de Tebboune, s’il est renouvelé, se concentrera probablement sur la consolidation des acquis économiques et la gestion des dynamiques politiques et diplomatiques. La capacité de l’Algérie à diversifier son économie et à apaiser ses relations internationales sera déterminante pour sa stabilité future.