L’International Atomic Energy Agency (IAEA — Agence internationale de l’énergie atomique) a établi que le stock d’uranium iranien enrichi à 60 % atteignait 440,9 kg sous forme d’hexafluorure d’uranium (UF6). Selon le référentiel méthodologique de l’agence, cette quantité équivaut, après sur-enrichissement, à un potentiel d’environ dix charges nucléaires. L’agence précise que le matériau concerné est sous forme gazeuse, utilisable dans des cascades de centrifugation pour poursuivre l’enrichissement. Depuis les frappes visant des capacités d’enrichissement, l’IAEA indique ne pas disposer d’informations vérifiées sur l’état exact ni l’emplacement du stock hautement enrichi.
Quantité, enrichissement et potentiel de conversion
À la date immédiatement antérieure aux opérations militaires, le volume de 440,9 kg d’UF6 à 60 % représente une progression par rapport aux évaluations précédentes. Le seuil de 60 % se situe à proximité du niveau dit “grade militaire”, généralement associé à 90 % d’uranium-235, et réduit le temps technique requis pour la conversion finale. Le rendement effectif dépend toutefois de paramètres industriels, notamment la configuration des cascades, le facteur de séparation et la disponibilité opérationnelle des unités. La notion de “dix charges” renvoie à un étalon de calcul interne de l’IAEA, sans préjuger des conceptions spécifiques d’engins ni des pertes de procédé.
La forme chimique UF6 conditionne l’ensemble du cycle de séparation isotopique et les contraintes de manipulation associées. Le flux matière nécessite des chaînes fiables d’alimentation, de compression et de vide pour maintenir la stabilité des centrifugeuses. La continuité électrique, la qualité des rotors et la propreté des conduites influencent directement les taux d’enrichissement atteignables. Toute interruption prolongée ou tout dommage d’infrastructure se traduit par des pertes d’efficacité et des opérations de remise en état plus longues.
Installations et dommages rapportés
Des frappes ont visé les sites liés à l’enrichissement, dont Natanz, Fordow et un complexe dans la région d’Ispahan. Les Israel Defense Forces (IDF — Forces de défense d’Israël) ont déclaré que l’Iran disposait de matière fissile suffisante pour assembler plusieurs engins dans un délai réduit et ont mentionné une montée en cadence de la production de missiles. Une communication de l’Israel Atomic Energy Commission (IAEC — Commission israélienne de l’énergie atomique), partagée par l’exécutif américain, a affirmé que Fordow était rendu inopérant. Des images satellitaires commerciales ont montré des mouvements de camions et d’engins de terrassement à l’approche d’entrées souterraines, sans accès indépendant de l’IAEA pour caractériser l’étendue des dommages.
L’IAEA signale que les modalités d’accès aux installations touchées demeurent en discussion avec les autorités iraniennes. Le directeur général, Rafael Grossi, a indiqué que les pourparlers ne sauraient se prolonger indéfiniment et a appelé à un accord rapide sur les inspections et la vérification. L’agence n’a pas confirmé de transfert de stocks ni de relocalisation d’unités de production, faute d’inspections in situ depuis les frappes. Le statut exact des cascades de Fordow et de Natanz reste donc non vérifié par l’organisme de contrôle au moment présent.
Paramètres opérationnels et points de suivi
Les opérateurs industriels évaluent généralement trois variables pour estimer la trajectoire d’un programme d’enrichissement après un incident: l’intégrité des halls souterrains, la disponibilité des équipements de réserve et la capacité à restaurer l’alimentation et les fluides de procédé. La combinaison de dommages structurels et de contraintes d’accès peut prolonger les délais de redémarrage au-delà des maintenances planifiées. Les flux d’UF6 exigent une chaîne logistique stable, depuis la production jusqu’au confinement, ce qui rend toute perturbation immédiatement visible dans les bilans matière. L’absence d’accès de l’IAEA entretient une incertitude sur les volumes réellement opérationnels et sur le calendrier de toute reprise.
Pour les acteurs exposés aux risques géopolitiques, l’évolution des inspections, l’état réel des capacités d’enrichissement et la gestion des stocks hautement enrichis constituent les trois indicateurs déterminants à court terme. Les déclarations publiques des parties prenantes offrent des repères, mais seules des vérifications de terrain permettront de préciser l’inventaire et la configuration des cascades. La visibilité sur la disponibilité des matières et l’intégrité des installations orientera les anticipations de risque liées à la région. La situation reste donc suivie à travers les canaux de contrôle et d’imagerie, dans l’attente de paramètres vérifiés.