La corruption coûte 55 millions de dollars par mois en moyenne à la compagnie publique d’électricité sud-africaine, Eskom, plombée par une lourde dette et incapable de produire suffisamment pour le pays plongé dans une grave crise énergétique, a déclaré mercredi l’ex-PDG de l’entreprise.
Interrogé à distance par une commission parlementaire sur les comptes publics, Andre de Ruyter a confirmé ses déclarations sur le niveau de corruption au sein d’Eskom rassemblées dans un document qu’il a soumis. « Il s’agit d’une estimation prudente basée sur mon évaluation des pertes subies par Eskom qui ont été portées à ma connaissance », a-t-il précisé dans ce document.
Les Sud-Africains privés de courant jusqu’à 12 heures par jour
Un milliard de rands, soit l’équivalent de 55 millions de dollars, « est volé à Eskom » chaque mois. Depuis des mois, les 60 millions de Sud-Africains sont privés de courant jusqu’à 12 heures par jour. La première puissance industrielle du continent est incapable de tirer suffisamment d’électricité des centrales vétustes et mal entretenues d’Eskom.
Et la situation pourrait empirer avec l’arrivée de l’hiver austral et une augmentation de la demande. La crise de l’électricité coûte chaque jour à l’économie quelque 50 millions de dollars en pertes de production, selon le gouvernement. Après des années de mauvaise gestion et de corruption sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018), Eskom accuse aujourd’hui une dette de 422 milliards de rands, actuellement l’équivalent de près de 23 milliards de dollars, que le gouvernement tente d’éponger.
Un plan pour sortir des énergies fossiles
L’Afrique du Sud tire encore 80% de son électricité du charbon. Un plan d’investissement de 98 milliards de dollars a été approuvé par les pays riches l’an dernier à la COP27 dans le cadre d’un accord pour une « juste transition » vers les énergies propres.
Intronisé comme PDG d’Eskom en 2020, Andre de Ruyter a été brusquement évincé en février 2023. Quelques heures avant son départ, il avait accusé dans une interview de hauts responsables du gouvernement, dont un ministre qu’il a refusé de nommer, d’être impliqués dans le pillage des caisses d’Eskom. Il a émis des doutes sur la volonté du gouvernement de lutter contre la corruption endémique.