Le marché de détail de l’énergie en France retrouve une certaine stabilité après les perturbations majeures de la crise énergétique de 2022-2023. Dans son rapport sur les années 2023 et 2024, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) met en évidence les effets des dispositifs publics de protection ainsi que la reprise progressive de la dynamique concurrentielle sur les segments résidentiels et non résidentiels.
Un amortissement massif des hausses tarifaires pendant la crise
Les mesures de protection financées par les pouvoirs publics ont contribué à contenir la hausse de la part énergie sur les factures d’électricité et de gaz. Gérés par la CRE, les boucliers tarifaires et amortisseurs ont mobilisé EUR26,1bn ($28.2bn), bénéficiant à plus de 30 mn de ménages pour l’électricité et 6,1 mn pour le gaz, ainsi qu’à 2 mn de consommateurs professionnels. Ces mécanismes ont permis une réduction moyenne de 40 % des prix facturés pour l’électricité et de 28 % pour le gaz naturel au premier semestre 2023.
La décrue des prix de gros observée à partir du second semestre 2023 a permis d’interrompre le bouclier tarifaire gaz. Pour l’électricité, la baisse des prix s’est d’abord manifestée sur les offres de marché en 2024, avant de s’étendre progressivement aux tarifs réglementés, en raison du mécanisme de lissage sur deux ans appliqué à l’approvisionnement.
Reprise de la concurrence et diversification de l’offre
Après un repli notable en 2022, marqué par un nombre restreint d’offres disponibles, les marchés de détail ont renoué avec une dynamique plus active. Fin 2024, les consommateurs résidentiels pouvaient accéder à 70 offres d’électricité et 40 offres de gaz. Ces offres intègrent désormais des solutions plus complexes, telles que la flexibilité tarifaire, l’autoconsommation ou encore des options liées à la recharge électrique.
Malgré une reprise de la concurrence, les consommateurs restent attachés aux fournisseurs historiques, avec une part de marché des fournisseurs alternatifs d’environ 30 % fin 2024, contre 34 % en 2021. En gaz, la part de marché de ces acteurs atteint 46 %, avec un fort recours aux offres indexées sur le prix repère.
Évolutions des usages et montée de l’autoconsommation
Les habitudes de consommation ont évolué durant la crise, avec un intérêt croissant pour les offres flexibles. Fin 2024, 2,2 mn de foyers avaient opté pour des offres à signaux tarifaires évolués, contre 900 000 en 2020. En parallèle, Enedis recensait 650 000 ménages producteurs de leur propre électricité, soit près du triple en deux ans.
La CRE observe également une transformation du rôle des consommateurs, devenus plus proactifs dans la gestion de leur consommation énergétique. Cette évolution est encouragée par la multiplication des outils numériques et des offres combinées intégrant des services additionnels.
Renforcement du cadre régulatoire et sanctions ciblées
Afin de rétablir la confiance entamée par certaines pratiques commerciales durant la crise, la CRE a engagé plusieurs actions structurelles. Trois fournisseurs ont été sanctionnés en 2024 et 2025 par le Comité de règlement des différends et sanctions de la CRE (CoRDiS) pour un montant total de EUR12,5mn ($13.5mn).
La régulation évolue également avec l’introduction de lignes directrices applicables depuis octobre 2024, couvrant 99 % des ménages, et la préparation d’un cadre prudentiel inspiré d’une directive européenne à venir. Un mécanisme de contrôle des offres est en place depuis début 2025, avec une première publication prévue pour 2026.