La Fédération de Russie a entamé des discussions pour transférer le contrôle de ses parts dans la compagnie pétrolière serbe Naftna Industrija Srbije (NIS), alors que l’entrée en vigueur des sanctions imposées par le département du Trésor des États-Unis complique la continuité des opérations de la société. Ces sanctions, en application depuis le 9 octobre, visent directement la filiale énergétique russe Gazprom Neft, actionnaire majoritaire de NIS, dans le cadre d’un régime élargi visant l’ensemble du secteur énergétique russe.
Une licence américaine en suspens pour éviter une rupture d’activité
Le gouvernement serbe a confirmé que les actionnaires russes de NIS ont adressé une demande officielle à l’Office of Foreign Assets Control (OFAC, Bureau de contrôle des avoirs étrangers du Trésor américain) pour prolonger une licence permettant à la société de maintenir ses activités. Cette requête repose sur des négociations actuellement en cours avec un acteur tiers, identifié comme un repreneur potentiel des parts détenues par les entités russes. Aucune information n’a été communiquée concernant l’identité de cette tierce partie.
La ministre serbe de l’Énergie, Dubravka Djedovic Handanovic, a déclaré que les actionnaires russes ont fait part de leur disposition à transférer le contrôle et l’influence sur NIS, confirmant ainsi une volonté politique de limiter les effets des sanctions sur l’économie serbe. Elle a précisé que la Serbie soutenait officiellement cette initiative et espérait une réponse rapide de la part des autorités américaines.
Une infrastructure clé dans l’approvisionnement énergétique régional
NIS exploite l’unique raffinerie du pays, située à Pancevo, qui assure près de 80% de l’approvisionnement du marché intérieur. Elle opère également plus de 400 stations-service dans les Balkans, notamment en Serbie, en Bosnie-Herzégovine, en Bulgarie et en Roumanie, et emploie environ 13 500 salariés. En 2024, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 3,3 milliards €, mais a clôturé l’année sur une perte nette de 153 millions €.
Depuis la privatisation de NIS en 2009, Gazprom Neft détient environ 45% du capital. L’entreprise russe a récemment transféré 11,30% de ses parts à Intelligence, une société basée à Saint-Pétersbourg. L’État serbe conserve une participation d’environ 30%, le reste étant réparti entre des actionnaires minoritaires.
Un enjeu économique et diplomatique à court terme
L’impact potentiel des sanctions sur NIS menace directement la stabilité du secteur pétrolier en Serbie. Le gouvernement serbe considère l’avenir de l’entreprise comme stratégique pour l’économie nationale, ce qui explique son implication active dans les discussions entre les actionnaires russes et l’OFAC. L’issue de ces négociations influencera non seulement la gestion de l’approvisionnement énergétique régional, mais aussi les relations diplomatiques entre Belgrade, Moscou et Washington.
« Il y a de moins en moins de temps et il faut trouver une solution », a insisté la ministre serbe, soulignant l’urgence de préserver l’intégrité opérationnelle de NIS face aux restrictions croissantes.