Qatar et les États-Unis ont adressé une lettre commune aux chefs d’État de l’Union européenne pour exprimer leur inquiétude quant aux effets de la directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises sur les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL). Cette directive, en cours de finalisation, impose aux grandes entreprises opérant dans l’Union d’identifier et corriger les atteintes aux droits humains et à l’environnement dans leurs chaînes d’approvisionnement, sous peine de sanctions financières.
La lettre, signée par le ministre de l’Énergie du Qatar, Saad al-Kaabi, et le secrétaire à l’Énergie des États-Unis, Chris Wright, affirme que ces règles constituent « une menace existentielle » pour la croissance et la compétitivité de l’économie industrielle européenne. Ils estiment également que la directive pourrait compromettre la fiabilité des approvisionnements en énergie et peser sur les coûts pour les ménages et les entreprises européens.
Des modifications jugées insuffisantes par Doha
Le 15 octobre, le comité juridique du Parlement européen a soutenu un assouplissement partiel du texte, après une levée de boucliers de plusieurs multinationales opérant dans le secteur de l’énergie et des matières premières. Toutefois, le ministre qatarien de l’Énergie a déclaré que les modifications proposées ne répondent pas aux préoccupations fondamentales de son gouvernement, notamment en ce qui concerne la viabilité des contrats d’exportation vers l’Europe.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, l’Union européenne a renforcé sa dépendance au GNL en provenance des États-Unis et du Qatar. Doha fournit actuellement entre 12% et 14% des importations européennes de GNL, selon les dernières données disponibles. QatarEnergy, l’entreprise publique, a signé des contrats d’approvisionnement à long terme avec plusieurs acteurs européens majeurs, dont Shell au Royaume-Uni, TotalEnergies en France et ENI en Italie.
Pression croissante sur l’approvisionnement hivernal
Les analystes anticipent jusqu’à 160 cargaisons de GNL supplémentaires à destination de l’Europe cet hiver, en raison de la baisse des réserves de stockage et de la réduction des flux gaziers par gazoducs en provenance de Russie et d’Algérie. Cette hausse de la demande devrait renforcer la place du gaz américain sur le marché européen, alors que l’Union poursuit ses efforts pour diversifier ses sources d’énergie.
La Commission européenne n’a pas encore répondu publiquement à la lettre conjointe envoyée par Doha et Washington.