Le ministère français de l’Économie a confirmé avoir demandé à Électricité de France (EDF) de rouvrir le dossier de cession de sa filiale Exaion. L’entreprise, spécialisée dans les supercalculateurs et l’infrastructure numérique haute performance, fait l’objet d’un accord d’acquisition de 64 % de son capital par la société américaine Marathon Digital Holdings (Mara) pour un montant de 168 millions d’euros. Cette opération soulève des interrogations sur la conservation des actifs technologiques à haute valeur ajoutée au sein du périmètre national.
Le ministère a précisé que le dossier était toujours en cours d’évaluation et n’avait pas été définitivement clos. EDF, détenue à 100 % par l’État français, ainsi que l’Agence des participations de l’État (APE), pilotent actuellement les discussions en lien avec cet accord. La signature officielle entre Mara et EDF Pulse Ventures, la branche capital-risque du groupe, a eu lieu le 11 août, mais plusieurs conditions suspensives restent à valider.
Trois scénarios envisagés par les autorités
Selon les informations fournies par le ministère de l’Économie, trois scénarios sont désormais envisagés : l’annulation de la vente, la recherche d’un nouvel investisseur, potentiellement européen, ou la poursuite de l’accord initial avec Mara. Dans ce dernier cas, l’opération serait soumise à la procédure de contrôle des investissements étrangers en France (IEF), menée par la direction générale du Trésor.
Le ministère souligne que cette procédure pourrait conduire à un blocage motivé de la transaction si certains critères d’intérêt national ou de souveraineté technologique étaient jugés compromis. À ce stade, le processus reste suspendu, en attente d’une réévaluation stratégique par les acteurs concernés.
Une filiale technologique au statut non stratégique, mais sensible
Exaion développe des centres de calcul haute performance utilisés dans divers secteurs, dont l’industrie numérique. Bien que ne relevant pas du périmètre des entités classées stratégiques telles qu’EDF ou les entreprises de défense, la société détient des compétences technologiques jugées potentiellement critiques pour l’avenir.
Le ministère a indiqué que, même en l’absence de statut stratégique, certaines technologies développées par Exaion pourraient justifier un maintien de la souveraineté partielle ou totale sur l’entreprise. Cette dimension entre en ligne de compte dans l’évaluation actuelle du dossier par les autorités françaises.
Contrôle renforcé des investissements étrangers
EDF a indiqué dans un communiqué que l’accord restait soumis à plusieurs conditions réglementaires, dont le contrôle des investissements étrangers, qui s’applique dans ce type d’opérations impliquant des technologies sensibles. À ce titre, la direction du Trésor suit activement le dossier pour s’assurer de la conformité avec la législation en vigueur.
Selon une source proche du dossier citée par l’Agence France-Presse (AFP), aucun scénario n’est encore définitif, et les discussions entre les différentes parties se poursuivent. Cette situation intervient dans un contexte où la France cherche à maintenir un équilibre entre attractivité pour les capitaux internationaux et préservation de ses capacités technologiques internes.