Le gouvernement chinois a donné son feu vert à ce qui deviendra le plus grand complexe hydroélectrique au monde, surclassant le célèbre barrage des Trois Gorges. Situé sur la rivière Yarlung Zangbo, au Tibet, près de la frontière indienne, ce projet titanesque vise une production annuelle de 300 milliards de kilowattheures (kWh), soit trois fois la capacité actuelle du record mondial.
Le coût total estimé s’élève à 137 milliards de dollars américains. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du 14ᵉ « Plan quinquennal » chinois, qui ambitionne d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables tout en répondant aux objectifs environnementaux. Le site retenu, bénéficiant de la géographie escarpée du fleuve, permettra de maximiser le potentiel énergétique de la rivière.
Une Échelle Inégalée
Le barrage des Trois Gorges, également situé en Chine, génère actuellement entre 95 et 112 TWh par an, ce qui en fait la référence mondiale en matière de production hydroélectrique. À titre de comparaison, le plus grand barrage des États-Unis, le Grand Coulee sur la rivière Columbia, produit environ 20 TWh annuellement, tandis que le barrage Hoover n’atteint que 4,2 TWh.
Le projet Yarlung Tsangpo ambitionne de redéfinir ces standards, alimentant en électricité près de 300 millions de personnes. Une prouesse rendue possible grâce au dénivelé spectaculaire de la rivière, qui descend de 7 667 mètres depuis son origine dans le glacier Angsi jusqu’à l’Inde. Cette caractéristique place la Yarlung Zangbo parmi les rivières les plus propices au développement hydroélectrique au monde.
Défis Techniques et Géopolitiques
La construction nécessitera des travaux d’ingénierie d’une ampleur inédite, incluant le creusement de plusieurs tunnels de 20 km pour détourner le flux du fleuve, dont le débit atteint 70 600 pieds cubes par seconde. Cependant, la zone sélectionnée est hautement sismique, augmentant les risques pour la stabilité du barrage.
Outre les défis techniques, le projet soulève des inquiétudes géopolitiques. La rivière Yarlung Zangbo devient le fleuve Brahmapoutre en Inde, ce qui place ce pays en aval du projet. Les autorités indiennes redoutent que la Chine puisse contrôler le débit du fleuve, avec des conséquences possibles pour l’agriculture et les populations locales.
Une Étude Approfondie, mais des Questions en Suspens
Les responsables chinois affirment avoir conduit des études géologiques exhaustives sur la région afin de garantir la faisabilité et la sécurité du projet. Cependant, aucune date précise n’a encore été fixée pour le début des travaux.
Le Yarlung Tsangpo, qui traverse l’un des canyons les plus profonds du monde, représente une opportunité inestimable pour les ambitions énergétiques chinoises. Toutefois, son impact environnemental et humain reste au centre des préoccupations internationales.