Wingas, la filiale allemande de la compagnie gazière russe Gazprom, perd sa licence de fourniture de gaz naturel au Royaume-Uni. Le régulateur britannique de l’énergie Ofgem annonce la révocation de celle-ci le 21 février.
Wingas voit sa licence de fourniture de gaz révoquée au motif de son inactivité
Wingas détient une capacité de transport à long terme sur le gazoduc néerlandais-britannique BBL. La révocation de sa licence de fourniture de gaz naturel implique d’importants changements pour les importations du Royaume-Uni. Cette décision d’Ofgem intervient en marge de l’actuel conflit ukrainien, alors que la Russie doit prochainement essuyer une série de sanctions occidentales.
Cependant, le régulateur Ofgem écarte l’idée qu’une dégradation des relations entre la Russie et le Royaume-Uni puisse être à l’origine de la révocation. Il souligne plutôt l’inactivité de la société Wingas, détenue à 100% par Gazprom, sur le territoire britannique.
Il explique ainsi :
« le titulaire de la licence n’a pas, dans les trois ans suivant la date d’octroi de la licence, commencé la fourniture de gaz à des locaux ».
Au Royaume-Uni, les licences de fourniture de gaz font également l’objet d’une révocation automatique lorsque les fournisseurs cessent d’opérer. En dépit de cela, la filiale de Gazprom doit rester un fournisseur de gaz naturel pour le Royaume-Uni. En outre, elle peut encore commercer sur le National Balancing Point (NBP).
Affect Energy et SC Isramart rejoignent Wingas en tant que derniers fournisseurs à voir leurs licences révoquées le mois dernier. Pour le premier, la révocation a lieu à cause d’une cessation de son activité de fournisseur. Il s’agit du même motif invoqué pour Wingas.
L’année dernière, Ofgem compte 240 expéditeurs de gaz naturel. Sur ceux-ci, 170 fournisseurs sous licence sont actifs sur les marchés de détail nationaux et non nationaux. Toutefois, leur nombre diminue à mesure que la crise du gaz en Europe croît. La perspective d’un conflit armé entre l’Ukraine et la Russie constitue l’un des principaux germes de cette crise.
L’expiration des contrats de transport à long terme joue sur les prix du marché du GNL
L’expiration des contrats de transport à long terme sur les interconnexions reliant le Royaume-Uni au continent affecte l’approvisionnement du pays. Wingas est actuellement l’un des rares expéditeurs à conserver ces droits.
En septembre 2018 déjà, l’expiration des contrats sur la liaison IUK modifie la dynamique de la tarification du gaz au Royaume-Uni. Originellement, l’IUK relie la Belgique et le Royaume-Uni depuis 1998. Le non-renouvellement du contrat pousse le pays à rechercher de nouveaux partenaires pour assurer son approvisionnement en gaz, alors que la demande ne baisse pas. La même problématique a lieu aujourd’hui pour la révocation de la licence de fourniture en gaz de Wingas sur le gazoduc BBL.
Ce phénomène constitue l’un des facteurs explicatifs de l’augmentation des prix actuels du GNL. L’Europe, ainsi que le Royaume-Uni, doivent tous deux répondre à la demande en s’approvisionnant sur un marché instable et volatile. En somme, la baisse des exportations russes pèse sur la stabilité du marché européen et mondial. Le Qatar déclare par exemple ne pas être en mesure de suppléer pour les Européens et britanniques aux volumes de gaz produits par la Russie.
Techniquement, Wingas est toujours en mesure d’échanger du gaz au Royaume-Uni. Cependant, l’entreprise ne peut plus approvisionner les clients britanniques. De surcroît, les défis d’approvisionnement uniques du continent complexifient une reprise des exportations. En effet, il est probable que l’état actuel du marché du GNL implique une hausse significative des prix proposés aux Britanniques.