Selon la récente analyse de Rystad Energy, le marché du recyclage solaire photovoltaïque (PV) prévoit d’atteindre 2,7 milliards de dollars d’ici 2030. À titre de comparaison, cette année, le marché a rapporté 170 millions de dollars. En 2050, les matériaux recyclables sont évalués aux alentours des 80 milliards de dollars.
Les panneaux solaires photovoltaïques en fin de vie sont estimés à plus de 2,7 milliards de dollars, d’ici 2030. Cette estimation risque encore d’augmenter dans les années à venir. De fait, les installations augmentent considérablement et la menace plane sur l’approvisionnement.
Le recyclage, un secteur prometteur
Selon l’IEA, l’énergie solaire devrait représenter 40% de l’électricité mondiale en 2050, soit 19 TW. Selon Rystad Energy, dans un scénario à 1,6 °C, l’énergie solaire comptera pour 53%.
Le contexte actuel favorise ce secteur. Comme l’explique Kristin Stuge, analyste chez Rystad Energy, qui déclare:
« La hausse des coûts de l’énergie, l’amélioration de la technologie de recyclage et les réglementations gouvernementales peuvent ouvrir la voie à un marché où davantage de panneaux solaires obsolètes sont envoyés au recyclage plutôt qu’à la décharge la plus proche. Le recyclage des panneaux photovoltaïques peut aider les opérateurs à réduire leurs coûts, à surmonter les problèmes de la chaîne d’approvisionnement et à augmenter la probabilité que les pays atteignent leurs objectifs de capacité solaire. »
Les bénéficiaires potentiels
Selon Rystad Energy, les principaux bénéficiaires du recyclage solaire seraient asiatiques. De fait, la Chine devrait être le principal installateur au niveau mondial en 2037. Dès lors, la valeur des panneaux en fin de vie serait de 3,8 milliards de dollars, sur un total mondial de 9,6 milliards de dollars.
En deuxième position, l’Inde, un autre leader asiatique des panneaux PV suivrait de près la Chine avec un montant estimé à 800 milliards de dollars. Enfin, le Japon se classe en troisième position à hauteur de 200 millions de dollars.
Par ailleurs, les montants estimés sont moins élevés en Amérique du Nord et en Europe. En 2037, les matériaux recyclables dans ces deux zones géographiques pourraient atteindre environ 1,5 milliard de dollars, d’après Rystad Energy. L’analyse de la société en recherche énergétique se base sur l’activité d’installation en 2022 et une durée de vie de 15 ans d’un panneau PV.
Conscientes de l’enjeu, de nouvelles entreprises émergent comme la start-up américaine SolarCycle qui est en phase de financement.
Un marché viable et durable
Les minerais sont cruciaux pour verdir les systèmes énergétiques mondiaux et économiser sur le stock de matériaux précieux. Étant donné la croissance de la demande de matériaux, des difficultés d’approvisionnement sont à craindre. Ainsi, le recyclage de panneaux PV est une solution envisagée pour répondre à cette demande. Effectivement, cette industrie pourrait fournir 8% du polysilicium, 11% d’aluminium, 2% de cuivre et 21% d’argent, grâce au recyclage.
À noter, le raffinage du cuivre émet environ 4 tonnes de CO2 par tonne de minerai extrait. Par conséquent, l’industrie minière représente une source importante d’émissions de gaz à effet de serre.
Par ailleurs, les mécanismes de régulation tels que les taxes peuvent être vecteurs de changement rapide et favoriser l’essor de ce marché. À titre d’exemple, l’industrie du recyclage permettrait de modifier les coûts avec des gains de valeur significatifs ainsi que d’alléger les effets des taxes, notamment sur le carbone.
Le processus de recyclage des matériaux
Le processus de recyclage des panneaux photovoltaïques permet la circularité des minéraux. De fait, le démontage est l’étape centrale du recyclage des panneaux PV. Tout d’abord, on sépare le cadre en aluminium et la boîte de jonction du panneau. Puis, les composants détachés sont broyés en morceaux et triés.
Par exemple, la société japonaise NPC propose une machine de démontage PV. Elle améliore également son taux de récupération des matériaux en séparant davantage les pièces du panneau avant de broyer les restes.
En outre, l’aluminium, l’argent, le cuivre et le polysilicium sont les composants les plus rentables du panneau. Bien que l’argent représente environ 0,05% du poids total, sa valeur matérielle est de 14%. De plus, le polysilicium a un prix de revente élevé. Son processus de fabrication, très énergivore du fait de la concentration requise dans les panneaux, explique son prix.
A contrario, le verre qui représente le plus grand volume, a une faible valeur de revente malgré le taux de recyclage élevé.
Ainsi, la difficulté d’approvisionnement en matières premières ouvre la voie au marché du recyclage solaire photovoltaïque comme solution. Les futurs leaders de cette industrie pourraient être asiatiques.