Polskie Elektrownie Jądrowe (PEJ) a notifié le 14 juillet la Commission européenne de son intention d’implanter une centrale de trois réacteurs AP1000 sur le site de Lubiatowo-Kopalino, sur la côte baltique. Cette notification, prévue par le traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique (traité Euratom), permet à Bruxelles de formuler un avis sur la sûreté, la durabilité et l’utilisation efficace des ressources du projet. Cet avis est indispensable avant que le président de l’Agence nationale de l’énergie atomique (PAA) n’octroie une licence de construction. Le gouvernement considère cette unité comme un levier majeur pour réduire la dépendance nationale au charbon.
Coûts, technologie et calendrier
PEJ, détenue intégralement par le Trésor polonais, évalue l’investissement à $49bn. Un contrat d’ingénierie de 18 mois signé en septembre 2023 avec Westinghouse Electric Company et Bechtel finalise actuellement la conception adaptée au site pour les réacteurs à eau pressurisée AP1000. L’exploitant prévoit la mise en service commerciale du premier réacteur en 2033, suivie de deux unités identiques. La Pologne tire encore environ 70 % de son électricité du charbon, ce qui laisse peu d’expérience domestique en construction nucléaire.
Le 14 décembre 2024, la Commission a ouvert une enquête distincte sur la compatibilité des soutiens publics envisagés avec les règles européennes en matière d’aides d’État. Cette procédure, fondée sur l’article 107(3)(c) du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, doit déterminer si l’appui financier est nécessaire, proportionné et conforme à l’intérêt commun, a indiqué Politico le 15 juillet. Les autorités polonaises doivent donc attendre deux décisions : l’avis Euratom demandé par PEJ et la conclusion sur les aides d’État. Bruxelles n’a pas encore fixé de calendrier officiel pour clore l’investigation.
Déclarations officielles et prochaines étapes
Le Plénipotentiaire pour les infrastructures énergétiques stratégiques, Wojciech Wrochna, a qualifié la notification de « jalon important pour la première centrale nucléaire polonaise », selon un communiqué ministériel daté du 14 juillet. Le président de PEJ, Marek Woszczyk, a ajouté que le respect de l’article 41 démontre l’engagement du promoteur envers les normes européennes et confirme l’avancement régulier des travaux. Les deux responsables ont souligné que le processus Euratom est distinct de l’examen financier. L’avis de la Commission, bien que consultatif, influence souvent les régulateurs nationaux et les bailleurs de fonds. Les analystes rappellent que l’examen Euratom porte sur l’ingénierie et la sûreté, tandis que l’enquête sur les aides d’État traite des garanties de revenus et de la concurrence. Les accords de financement ne pourront être conclus sans clarté sur ces deux volets. Un avis favorable pourrait permettre un début de chantier dès 2027, estiment plusieurs conseillers sectoriels.