L’Allemagne se prépare à restructurer son marché énergétique en vue de la transition vers une production à faible émission de carbone. Les discussions se concentrent sur le type de marché à adopter pour encourager la construction de nouvelles centrales à gaz, destinées à compenser l’intermittence des énergies renouvelables. Le gouvernement allemand, par l’intermédiaire de son ministère de l’Économie, a lancé une consultation pour déterminer le meilleur modèle de marché. Parmi les options envisagées, un modèle décentralisé basé sur l’achat de certificats énergétiques est privilégié. Cependant, cette approche rencontre des critiques, notamment de la part d’Uniper SE, qui plaide pour un modèle centralisé.
Les défis du modèle décentralisé
Le modèle décentralisé soutenu par le gouvernement allemand repose sur une diversité régionale et la possibilité pour chaque acteur de s’adapter à ses spécificités locales. Ce modèle implique l’achat de certificats qui servent de soutien aux investissements dans de nouvelles capacités énergétiques. Néanmoins, ce système est perçu comme trop complexe et opaque par certains acteurs du marché. La difficulté de compréhension de ce mécanisme par les investisseurs pourrait ralentir les engagements financiers nécessaires pour le développement de nouvelles infrastructures énergétiques.
Michael Lewis, PDG d’Uniper, critique ce choix, estimant qu’un modèle décentralisé retarde les prises de décision et complexifie les processus d’investissement. Selon lui, un marché centralisé, où les fournisseurs d’énergie participent à des enchères pour des contrats à long terme, offrirait davantage de visibilité et de stabilité aux investisseurs. Cette position reflète une inquiétude quant à la capacité de l’Allemagne à attirer rapidement les fonds nécessaires pour ses objectifs de transition énergétique.
Modèles de marchés européens comparés
En Europe, plusieurs pays ont déjà mis en place des marchés centralisés des capacités, tels que l’Italie, la Belgique et le Royaume-Uni. Ces modèles permettent aux producteurs d’énergie de recevoir une rémunération fixe pour la disponibilité de leurs installations, indépendamment de la production réelle d’électricité. Ce type de marché est souvent cité comme un exemple de transparence et de prévisibilité des coûts d’investissement, ce qui facilite les décisions de financement et de construction de nouvelles centrales.
Uniper recommande que l’Allemagne s’inspire du modèle britannique. Celui-ci repose sur un système d’enchères qui permet de déterminer les prix de manière compétitive, révélant ainsi les coûts réels pour maintenir des capacités disponibles. Ce système a prouvé son efficacité pour garantir l’approvisionnement tout en contrôlant les coûts. Uniper estime que ce modèle pourrait répondre aux besoins spécifiques de l’Allemagne, notamment dans le contexte de l’abandon progressif du charbon prévu d’ici 2030.
Impact sur la transition énergétique allemande
Le choix entre un marché centralisé ou décentralisé a des implications directes pour la transition énergétique allemande. L’objectif de sortie du charbon d’ici 2030 dépend en grande partie de la capacité du pays à attirer des investissements rapides dans des infrastructures à faible émission de carbone. Une lenteur dans le processus de décision ou un manque de clarté sur le modèle de marché adopté pourrait compromettre cet objectif.
L’intégration d’un marché centralisé des capacités permettrait de simplifier les mécanismes de rémunération et de réduire les incertitudes pour les investisseurs. Les centrales à gaz, en tant que sources d’énergie de transition, nécessitent des garanties financières claires pour justifier les investissements à long terme. À cet égard, un marché centralisé offrirait un cadre plus adapté, favorisant une planification cohérente et des décisions plus rapides.
Réactions au sein du secteur énergétique
Les avis divergent au sein du secteur énergétique allemand. Certains acteurs soutiennent que le modèle décentralisé permettrait une plus grande flexibilité et une meilleure adaptation aux réalités locales, notamment en ce qui concerne l’intégration des énergies renouvelables et la gestion des réseaux. Cependant, d’autres, comme Uniper, estiment que la clarté et la simplicité d’un marché centralisé sont nécessaires pour garantir des investissements efficaces et durables.
Les perspectives politiques joueront un rôle crucial dans cette décision. Tandis que l’Allemagne s’efforce de renforcer sa sécurité énergétique tout en réduisant ses émissions, les choix de design de marché auront des répercussions non seulement sur les stratégies nationales mais aussi sur les orientations futures de l’Union européenne en matière de politique énergétique.