Le Japon, la Corée du Sud et la Thaïlande sont à la tête d’une alliance asiatique contre le pétrole russe.
L’alliance asiatique boycotte le pétrole brut russe
Les grands importateurs asiatiques non-membres de l’OPEP ont décidé de tenir tête à la Russie et son pétrole brut. Par exemple, en mai, les importations japonaises de brut russe ont chuté de 85% en glissement annuel pour atteindre 21.000 b/j. En effet, elle est passée à 20.993 b/j en mai, contre 141.324 un an plus tôt. Les raffineurs japonais ont presque mis un terme aux achats de brut russe.
La Thaïlande, quant à elle, a décidé d’interrompre toutes importations russes en mai. Elle a également augmenté son achat de brut moyennement acide et légèrement acide. Des achats effectués auprès de Uppercut Zakum et Das Blend et Murban, en provenance des EAU. Ainsi, en mai, les expéditions du gold Persique ont augmenté de 77% par rapport à l’an passé, pour atteindre 364.055 b/j. De plus, elle importe 99.558 b/j en provenance des États-Unis, soit trois fois plus que les 33.801 b/j un an auparavant.
Les importations de la Corée du Sud, membre de l’alliance asiatique, en provenance de la Russie ont chuté de 84,2%. Pour atteindre seulement 703.000 barils, les plus petites exportations mensuelles du producteur non-OPEP depuis février 2016.
La Russie face à une situation délicate
Cependant, la Chine et l’Inde continuent l’importation de volumes importants de brut doux et acide en provenance de la Russie. Plusieurs acheteurs en Asie restent tout de même séduits par les remises importantes sur le brut Oural, ESPO, Sokol et Sakhalin Blend. En revanche, l’alliance asiatique reste ferme.
Un négociant principal de brut et de condensât chez un grand raffineur sud-coréen, un responsable des opérations de l’usine chez PTT en Thaïlande et un responsable des matières premières chez ENEOS au Japon, ont anonymement déclaré, du 4 au 8 juillet, « De telles aubaines ne valent pas la peine pour les raffineurs soucieux de préserver la réputation de leur entreprise et ceux qui sont prêts à faire preuve de solidarité contre tous les actes de violence ».
Vladimir Poutine, a cependant publié un décret le 30 juin, transférant tous les droits et obligations de Sakhalin Energy et Skhalin 2 à une nouvelle société russe. Alors que les société japonaise Mitsui et Mitsubishi détiennent respectivement 12,5% et 10% de participations au projet Sakhalin 2.
Koichi Haguida, ministre du METI, a déclaré, le 1er juillet, « Nous sommes en train d’examiner minutieusement l’impact sur les participations des entreprises japonaises dans le projet Sakhalin 2 ». Et ajoute qu’un plan d’urgence est en cours.
L’alliance asiatique favorise le pétrole du Moyen-Orient et des États-Unis
L’alliance asiatique va davantage s’appuyer sur le brut des Émirats Arabes Unis (EAU), de l’Arabie saoudite et des États-Unis. La forte baisse des expéditions est peu surprenante, en effet, les raffineurs japonais ont rapidement mis fin à leurs importations de brut russe. Ainsi, les deux principaux raffineurs japonais, ENEOS et Idemitsu Kosan ont déjà suspendu les nouveaux contrats d’importation de pétrole russe.
Le Japon s’apprête à dépendre des producteurs du Moyen-Orient pour plus de 90% de ses besoins de pétrole brut en 2022. Ainsi, il a pris 982.644 b/j aux EAU de janvier à mai, une hausse de 22% de son glissement annuel. De ce fait, les expéditions de brut saoudien ont augmenté de 5% en glissement annuel sur les cinq derniers mois.
Le responsable des charges d’alimentation des raffineries sud-coréennes, a déclaré, « Les marges de raffinage et d’exploitation de produits n’ont de toute façon jamais été aussi bonnes, donc peu importe l’attractivité des bruts russes, les raffineurs sud-coréens ne bougeront pas ».
Le brut russe ne suscite que peu d’intérêt auprès de la Thaïlande, de la Corée du Sud et du Japon. Ainsi, l’alliance asiatique devrait continuer de s’approvisionner auprès de leurs principaux fournisseurs du Moyen-Orient et des États-Unis.