Un premier site Capture de CO2 voit le jour en mer du Nord

Le Danemark a inauguré mercredi un projet ambitieux de stockage de CO2 sous la mer du Nord pour lutter contre le changement climatique. Bien que jugée nécessaire pour limiter le CO2 dans l'atmosphère, cette technologie est coûteuse et comporte des risques. Décryptage du projet "Greensand" et de ses enjeux.
RWE Clean Energy (80)

Le Danemark inaugure mercredi un site de stockage de dioxyde de carbone (CO2) à 1.800 mètres sous la mer du Nord, un outil jugé essentiel pour freiner le réchauffement climatique. Conduit par le géant allemand de la chimie Ineos et l’énergéticien allemand Wintershall Dea, le projet “Greensand” devrait permettre de stocker vers 2030 jusqu’à 8 millions de tonnes de CO2 par an, l’équivalent de 1,5% des émissions françaises.

Un projet ambitieux

Le projet “Greensand” est inauguré ce mercredi à Esbjerg (sud-ouest) par le prince héritier Frederik. Encore balbutiant et très coûteux, le captage et stockage de carbone (“CCS”) consiste à capturer puis emprisonner le CO2, principal responsable du réchauffement planétaire. Plus de 200 projets sont actuellement opérationnels ou en développement dans le monde.

Particularité de Greensand : contrairement aux sites déjà existants qui séquestrent le CO2 d’installations industrielles voisines, il fait venir le carbone de loin. Acheminé par mer vers la plateforme Nini West, à la lisière des eaux norvégiennes, le gaz est transféré dans un réservoir à 1,8 km de profondeur.

Le stockage sous la mer du Nord, une solution adaptée

La mer du Nord est une région propice à l’enfouissement car elle abrite de nombreux gazoducs et réservoirs géologiques vides après des décennies d’exploitation pétrogazière. “Les gisements épuisés de pétrole et de gaz présentent de nombreux avantages car ils sont bien documentés et il existe déjà des infrastructures qui peuvent très probablement être réutilisées”, explique Morten Jeppesen, directeur du Centre des Technologies Offshore à l’Université technologique du Danemark (DTU).

Le potentiel de stockage de CO2 en mer du Nord

Près de Greensand, TotalEnergies prévoit d’emprisonner annuellement 5 millions de tonnes de CO2 à plus de deux kilomètres sous les fonds marins. De son côté, la Norvège voisine, pionnière du CCS, va accueillir dans quelques années des tonnes de CO2 liquéfié en provenance du Vieux Continent. Le pays possède également le plus gros potentiel de stockage de CO2 en Europe de l’Ouest. Cependant, les quantités stockées restent faibles par rapport aux émissions. L’Union européenne a émis 3,7 milliards de tonnes de gaz à effet de serre en 2020.

Le CCS, une solution perfectible

Le CCS est jugé nécessaire pour limiter le CO2 dans l’atmosphère, aussi bien par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) que l’Agence internationale de l’énergie. Cependant, cette technologie n’est pas une solution miracle. Le processus de captage et stockage du CO2 émet lui-même l’équivalent de 21% du gaz capturé, selon le think tank australien IEEFA. De plus, la technique n’est pas sans risques, prévient le centre de recherche, citant le risque de fuites aux conséquences catastrophiques.

De plus, le CSS est coûteux. Le coût du stockage du carbone doit être réduit pour que cela devienne une solution durable de mitigation, à mesure que l’industrie gagnera en maturité. Le CCS ne doit pas être utilisé pour maintenir le niveau actuel de production de CO2, mais il est nécessaire pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, chez les défenseurs de l’environnement, la technologie ne fait pas l’unanimité. Greenpeace Danemark estime que le CCS ne règle pas le problème et prolonge les structures qui sont nuisibles. Selon eux, si le Danemark veut vraiment réduire ses émissions, il doit se pencher sur les secteurs qui en produisent beaucoup, à savoir l’agriculture et les transports.

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