Les autorités finlandaises ont lancé une enquête sur un sabotage présumé ayant endommagé le câble sous-marin EstLink 2, reliant la Finlande à l’Estonie. Ce câble, essentiel pour la transmission électrique entre les deux pays, s’est déconnecté le jour de Noël. Bien que l’approvisionnement en électricité n’ait pas été affecté, les autorités considèrent cet incident comme un acte grave menaçant la sécurité énergétique.
Un pétrolier suspecté, l’Eagle S, battant pavillon des îles Cook, a été arraisonné par un patrouilleur finlandais au large de Porkkala, à 30 kilomètres d’Helsinki. Selon Sami Rakshit, directeur général des douanes finlandaises, le navire transportait de l’essence sans plomb chargée dans un port russe. Les garde-côtes finlandais, accompagnés d’hélicoptères des forces armées, ont rapidement agi pour interroger l’équipage et collecter des preuves.
Les soupçons de sabotage
Les premières investigations ont révélé que les ancres du navire étaient absentes, laissant penser qu’elles pourraient avoir endommagé le câble sous-marin. « Notre patrouilleur a constaté visuellement cette anomalie, ce qui justifie nos soupçons », a déclaré Markku Hassinen, porte-parole des gardes-frontières finlandais. Une enquête pour « sabotage aggravé » a été ouverte par le Bureau national d’enquête.
Ce type d’incident n’est pas sans précédent dans la région. En novembre 2023, un gazoduc reliant la Finlande et l’Estonie avait été endommagé, et les autorités avaient conclu qu’un porte-conteneurs hongkongais, le NewNew Polar Bear, était à l’origine des dégâts.
L’UE réagit face aux menaces
La Commission européenne et Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, ont exprimé leur soutien à l’enquête en cours. Dans un communiqué conjoint, elles ont dénoncé « la destruction délibérée des infrastructures critiques européennes ».
Elles ont également pointé du doigt la « flotte fantôme » russe, désignant les navires utilisés pour transporter illégalement du pétrole brut ou des produits pétroliers, contournant les embargos européens. « Nous proposerons de nouvelles sanctions pour cibler ces navires, qui menacent à la fois la sécurité et l’environnement tout en finançant le budget de guerre de la Russie », a affirmé la Commission.
Une sécurité renforcée en mer Baltique
La mer Baltique est devenue un espace stratégique hautement surveillé depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Les incidents visant les câbles sous-marins ou les gazoducs se sont multipliés, témoignant d’un recours à des tactiques de « guerre hybride » selon plusieurs experts.
Face à ces menaces, l’Union européenne a intensifié ses efforts pour protéger les infrastructures critiques. Cela inclut l’amélioration des technologies de détection, des capacités de réparation sous-marine et une coopération accrue entre États membres.
Les ministres des Affaires étrangères de Finlande et d’Estonie ont également convenu d’une coordination bilatérale pour prévenir de futurs sabotages. Margus Tsahkna, ministre estonien des Affaires étrangères, a déclaré : « Ces dommages répétés ne peuvent être qualifiés d’accidents. Traîner une ancre sur un fond marin où se trouvent des câbles critiques est une action intentionnelle. »
Un message ferme adressé à Moscou
Lors d’une conférence de presse, le Premier ministre finlandais, Petteri Orpo, a souligné l’importance d’une réponse ferme : « Les incidents visant nos infrastructures critiques sont inacceptables. Notre intervention rapide envoie un signal clair : nous protégerons nos eaux et nos ressources. »
L’Eagle S reste immobilisé dans un port finlandais, alors que l’enquête se poursuit pour déterminer les responsabilités exactes. Pendant ce temps, l’Union européenne prépare de nouvelles sanctions contre la flotte fantôme russe, espérant dissuader de futures actions hostiles.