Un groupe d’entreprises françaises s’est associé pour développer un démonstrateur technologique reposant sur la supraconductivité afin de renforcer les capacités de raccordement électrique des parcs éoliens en mer. Le projet, baptisé SupraMarine, vise à explorer une alternative aux connexions classiques en courant continu en recourant à des câbles refroidis à très basse température.
Les partenaires industriels incluent Air Liquide, Nexans, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité Réseau de Transport d’Électricité (RTE), la société ITP Interpipe ainsi que l’établissement d’enseignement supérieur CentraleSupélec. Ensemble, ils misent sur une technologie permettant le transport de courant sans perte énergétique grâce à la suppression de la résistance électrique, obtenue à des températures proches du zéro absolu.
Une technologie issue de la recherche fondamentale
Le principe de supraconductivité a été découvert en 1911. Appliqué à l’échelle industrielle, il permettrait aux câbles de transporter de grandes quantités d’électricité avec une efficacité accrue, notamment dans les zones éloignées des côtes où l’éolien offshore se développe. Les câbles seraient refroidis à l’azote liquide, dont la maîtrise industrielle fait partie des compétences du groupe Air Liquide, partenaire clé du projet.
Le consortium estime que cette solution pourrait offrir un gain en compacité et en performance énergétique, rendant le raccordement de parcs plus lointains économiquement viable. En parallèle, le projet est également vu comme un levier potentiel pour structurer une filière industrielle de la supraconductivité en France, avec des perspectives d’autonomie stratégique pour l’Europe en matière d’équipements électriques avancés.
Un financement public ciblé à travers France 2030
Le développement du démonstrateur SupraMarine est soutenu à hauteur de 7,3 millions EUR ($7.73mn), via une enveloppe publique dédiée au programme France 2030, piloté par l’Agence de la transition écologique (Ademe). Les essais de validation sont programmés à l’horizon 2028. Aucun site précis n’a encore été dévoilé pour l’installation du système de test.
La technologie reste au stade expérimental et sa viabilité à l’échelle commerciale dépendra des résultats obtenus dans les années à venir. Toutefois, les acteurs impliqués considèrent que cette approche pourrait marquer un tournant dans la manière de raccorder des installations en mer, en réponse à l’augmentation des distances entre les sites de production et les centres de consommation.