La réforme de l’électricité de l’EU a été proposée par la Commission européenne afin de garantir des prix plus prévisibles pour les producteurs et les consommateurs, aidant ainsi à financer la transition énergétique. Les acteurs du secteur, cependant, soulignent que cette réforme ne fera pas disparaître la volatilité due aux hydrocarbures ni réduira immédiatement les factures d’électricité.
Une réforme face aux prix flambants des hydrocarbures
Le plan de réforme ne modifie pas le fonctionnement du marché de gros de l’électricité, où les prix sont déterminés quotidiennement par le coût de la dernière centrale utilisée pour équilibrer le réseau, principalement des centrales à gaz. Les prix flambent donc en fonction des cours du gaz. Les signaux de prix sur ce marché ne changent pas, mais ce système reste indispensable pour répondre aux pics de demande à l’échelle du continent.
Les contrats de long terme, un point clé de la réforme de l’électricité de l’EU
La réforme entend amortir l’impact de la volatilité de court terme sur les revenus des producteurs et les tarifs des consommateurs, en les « lissant » par un recours accru aux contrats de long terme. Les consommateurs pourraient profiter davantage des coûts bas des énergies renouvelables et du nucléaire, et la garantie de revenus prévisibles encouragerait les investissements dans ces énergies décarbonées, réduisant progressivement l’influence du gaz sur les prix.
Bruxelles veut favoriser les contrats d’achat d’électricité à prix fixe entre producteur et consommateur, en enjoignant aux États d’apporter des garanties aux souscripteurs. Les fournisseurs d’électricité au détail devraient se couvrir avec ces contrats long terme pour atténuer leur surexposition à la volatilité. Les entreprises énergivores pourraient bénéficier de prix prévisibles sur dix ou quinze années.
Selon Michel Colombier, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), les contrats long terme représentent « une solution liée à un besoin d’investissement » pour la transition énergétique. Ces contrats permettent de limiter les prix d’achat de l’électricité à 40 euros/MWh, qui ont empêché les investissements nécessaires pour renouveler le parc fossile vieillissant et développer les options décarbonées. De cette façon, les contrats long terme pourraient favoriser l’investissement dans les énergies renouvelables.
Un outil alternatif, les contrats pour la différence (CFD)
La Commission soutient l’usage de « contrats pour la différence » (CFD) à prix garanti par l’État. Si le cours quotidien est supérieur au prix fixé, le producteur d’électricité reverse ses recettes excédentaires ; dans le cas contraire, il perçoit une compensation de l’État. Les États seraient obligés de recourir aux CFD pour tout soutien public à de nouveaux investissements dans les renouvelables et le nucléaire, y compris dans des centrales existantes.
Les CFD peuvent avoir des inconvénients. Ils peuvent dissuader certains investisseurs si ceux-ci anticipent une future inflation des prix et préfèrent attendre. De plus, l’État sert de garant pour les CFD, ce qui représente un risque d’impact budgétaire considérable, selon le think-tank Bruegel. Kristian Ruby souligne également que l’Europe entame un processus législatif long et compliqué pour les CFD, tandis que les États-Unis proposent un cadre extrêmement attractif pour les investissements dans les énergies renouvelables.