Les plus gros navires de l’EU sont désormais soumis à de nouvelles règles en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Les eurodéputés et les États membres ont convenu d’un accord jeudi dernier pour obliger les navires de plus de 5 000 tonnes à se tourner vers des carburants durables, tels que l’hydrogène, et à réduire leurs émissions de carbone de 80 % d’ici 2050 par rapport à 2020. Cette décision fait suite à une première initiative prise en novembre 2022, dans laquelle l’EU avait décidé d’intégrer progressivement le transport maritime à son marché carbone.
Les modalités de cette décarbonation du secteur maritime ont désormais été définies, avec des objectifs clairs pour réduire l’intensité en gaz à effet de serre des carburants maritimes. Les émissions des plus gros navires devront être réduites de 2% en 2025 par rapport à 2020, puis de 14,5% en 2035 et de 31% en 2040. Cette exigence s’applique aux navires d’au moins 5 000 tonnes, qui fonctionnent essentiellement au fioul lourd et sont responsables de 90% des émissions de CO2 du secteur. La possible inclusion des navires plus petits sera cependant étudiée « d’ici 2028 ».
L’utilisation des « carburants renouvelables d’origine non-biologique » (RFNBO), tels que les carburants synthétiques durables comme l’hydrogène vert, sera fortement encouragée. Pour concrétiser ces objectifs, la part des RFNBO devra s’élever à 2% à partir de 2024, une disposition qui suscite toutefois des inquiétudes quant à leur disponibilité encore très limitée. Les armateurs qui y recourent pourront bénéficier jusqu’en 2035 de crédits supplémentaires pour compenser leurs émissions.
Enfin, le texte oblige les porte-conteneurs et les navires de croisière à utiliser l’alimentation électrique à terre lorsqu’ils sont à quai « dans les principaux ports » de l’EU, à partir de 2030, pour limiter la pollution atmosphérique. Cette obligation sera étendue après 2035 à tous les ports européens, s’ils sont équipés. Cette mesure permettra de réduire considérablement la pollution dans les zones portuaires.
Cette décision représente une véritable révolution dans le secteur maritime, en créant des règles prévisibles à long terme pour faciliter l’investissement des compagnies et des ports. Elle obligera également les autres régions du monde à agir pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Selon Jörgen Warborn, rapporteur du texte et membre du Parti populaire européen, les règles définies permettront aux compagnies et aux ports d’investir en toute confiance à long terme. Il a également noté que ces mesures inciteraient les autres régions du monde à agir de même pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. De son côté, l’eurodéputé Pierre Karleskind, membre de Renew Europe, s’est félicité de la reconnaissance de la propulsion à voile comme une technologie efficace pour décarboner le secteur maritime. En effet, l’installation de voiles sera désormais récompensée dans le calcul de l’intensité carbone d’un navire.
Cependant, l’ONG environnementale Transport&Environment a salué avec modération cette avancée. Bien qu’elle considère que l’accord marque « le début de la fin pour les navires sales au mazout », elle déplore des lacunes dans le texte qui pourraient laisser perdurer l’usage de biocarburants ou de carburants bas-carbone qui sont également dommageables pour le climat. Il est donc nécessaire de continuer à travailler pour éliminer ces sources de pollution.
En résumé, l’accord sur la décarbonation du secteur maritime est une avancée majeure pour lutter contre le changement climatique et les émissions de gaz à effet de serre. Les règles prévisibles à long terme permettront aux compagnies et aux ports d’investir en toute confiance, tandis que la reconnaissance de la propulsion à voile encouragera l’adoption de technologies propres. Toutefois, il est important de continuer à travailler pour éliminer toutes les sources de pollution et atteindre les objectifs climatiques ambitieux.