Transport aérien: accord dans l’UE pour verdir les carburants des avions

L'UE impose un taux minimum de carburants "verts" pour les avions, avec une augmentation progressive jusqu'à 70% d'ici 2050, pour réduire les émissions polluantes du transport aérien. Les "carburants durables" incluent les carburants de synthèse, l'hydrogène renouvelable et les biocarburants.
UE carburants verts

Eurodéputés et Etats membres de l’UE se sont mis d’accord mercredi pour réduire les émissions polluantes du transport aérien en imposant un taux minimum de carburants “verts” pour les avions au départ du continent.

Le texte, volet de l’ambitieux plan climat européen, prévoit que les carburants disponibles dans les aéroports de l’UE compteront en 2025 dans leur composition au moins 2% de “carburants aériens durables” (SAF), puis 6% en 2030, avec une augmentation progressive jusqu’à 70% d’ici 2050. Les “carburants durables” incluent les carburants de synthèse (fabriqués à partir d’hydrogène et de CO2), l’hydrogène renouvelable, les carburéacteurs à base de gaz résiduaires et déchets plastiques, ou encore les biocarburants issus de résidus agricoles, d’algues, de biomasse, ou d’huile de cuisson usagée.

L’objectif 2050 est en-deçà de ce que réclamaient les eurodéputés (85%), mais dépasse la proposition initiale de la Commission européenne (63%) qu’avaient repris les Etats membres. Cette loi, à elle seule, doit permettre de réduire d’environ deux-tiers les émissions de CO2 du transport aérien européen d’ici 2050 par rapport au scénario où aucune mesure ne serait prise, estime la Commission. L’aviation représente environ 4% des émissions européennes de gaz à effet de serre.

“Sécurité des approvisionnements”

“L’accord apporte une certitude immédiate aux compagnies et producteurs de +carburants durables+”, et évite la “fragmentation” du marché européen, salue la fédération Airlines for Europe (A4E), selon qui les Etats doivent renforcer la production des SAF et “la sécurité des approvisionnements”. L’accord prévoit une part minimale de 1,2% de carburants de synthèse dans le kérosène fourni par les aéroports européens en 2030-2031, très au-delà de ce que proposaient la Commission et les Etats (0,7%). Cette part atteindra 2% en 2032-2034, puis 5% en 2035, avant d’atteindre 35% en 2050.

Les carburants de synthèse sont les seuls “dont l’usage peut être augmenté de manière durable”, estime Matteo Mirolo, de l’ONG Transport&Environment (T&E). L’accord devrait doper leur production, “apportant aux compagnies la certitude que cet +e-kérosène+ deviendra moins cher et largement disponible”. Les “carburants synthétiques bas-carbone” sont inclus, c’est-à-dire fabriqués avec de l’électricité issue non seulement d’énergies renouvelables mais également du nucléaire (donc décarboné), disposition soutenue notamment par la France dans nombre de textes climatiques européens.

Le texte prévoit aussi que l’essentiel de l’approvisionnement en kérosène pour les vols au départ de l’UE se fasse dans les aéroports européens, afin de limiter les émissions dues à une cargaison excessive de carburant et éviter que les compagnies contournent les règles en s’alimentant hors-UE. L’accord exclut les biocarburants issus de cultures vivrières ou de sous-produits d’huile de palme, mais pas ceux provenant d’huiles de cuisson, “dont l’approvisionnement est pourtant limité en Europe, au risque de créer des pénuries dans d’autres industries” qui pourraient choisir des alternatives moins vertes, s’inquiète T&E.

Enfin, l’accord ouvre la porte à une future prise en compte des émissions autres que le CO2 (soufre…), qui représentent les deux-tiers de l’impact climatique de l’aviation.

Un autre texte du plan climat européen, définitivement adopté mardi, fera payer aux compagnies les émissions CO2 de leurs vols intra-européens, avec la disparition progressive des quotas gratuits dont elles bénéficiaient jusqu’ici, mais avec un mécanisme incitatif en cas d’utilisation de carburants durables.

Dans cet article :​
Articles qui pourraient vous intéresser ​

Le plus grand fournisseur de gaz en Europe déclare que les contrôles de sécurité des pipelines sont sans problème

Les récentes inspections de sécurité des pipelines offshore en Norvège, effectuées à la suite des explosions survenues sur les pipelines Nord Stream, ont abouti à des résultats rassurants, selon le principal fournisseur de gaz en Europe. Cependant, malgré cette confirmation, les risques demeurent et soulèvent des préoccupations quant à la sécurité de ces infrastructures cruciales.

EDF Renewables Ireland and Simply Blue Group sign partnership deal on Western Star and Emerald floating offshore wind projects in Ireland.

EDF Renewables Ireland et Simply Blue Group unissent leurs forces pour développer des projets éoliens flottants en Irlande, dans le cadre d’une collaboration stratégique visant à atteindre les ambitieux objectifs gouvernementaux en matière d’énergie renouvelable. Ces projets prometteurs ouvrent de nouvelles perspectives pour l’éolien offshore et renforcent la position des deux partenaires sur le marché énergétique irlandais. En combinant leur expertise et leur engagement envers la transition énergétique, ils aspirent à générer une quantité significative d’électricité propre pour répondre aux besoins de millions de foyers irlandais, tout en contribuant à la protection de l’environnement et des communautés côtières.

La France va fournir du combustible nucléaire à la Slovaquie

La Slovaquie cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie en matière d’approvisionnement en combustible nucléaire. Dans cette optique, l’entreprise française Framatome s’est engagée à fournir du combustible nucléaire similaire à celui fabriqué par la Russie, afin d’alimenter le parc nucléaire slovaque de conception soviétique. Cette initiative s’inscrit dans un contexte international où de nombreux exploitants européens de centrales VVER cherchent à développer une solution énergétique européenne souveraine.

Stellantis veut alimenter l’usine de Mulhouse par la géothermie

Stellantis s’engage dans une initiative prometteuse en partenariat avec Vulcan pour intégrer l’énergie géothermique renouvelable à son usine de Mulhouse. Cette collaboration vise à réduire l’empreinte carbone de l’usine tout en explorant la possibilité d’extraire du lithium des eaux géothermales.

TotalEnergies: la justice saisie d’une demande de suspendre les futurs projets fossiles

TotalEnergies, le géant pétrogazier, fait face à une coalition d’ONG et de collectivités, dont les villes de Paris et de New York, qui réclament l’arrêt de tout nouveau projet d’hydrocarbures à travers le monde. Cette demande, jugée “déloyale” par TotalEnergies, est une mesure provisoire en attendant que le tribunal se prononce sur l’obligation d’aligner la stratégie climatique du groupe sur l’accord de Paris. La coalition invoque des rapports scientifiques et institutionnels pour appuyer sa demande, tandis que TotalEnergies défend sa stratégie climatique et met en garde contre les conséquences d’une suspension des projets. Cette affaire illustre les tensions croissantes entre l’industrie pétrolière et les défenseurs du climat, et pourrait établir un précédent juridique majeur.

Édition