La transition énergétique soumet l’économie indienne à de nombreux défis d’après un rapport de l’Agence international de l’énergie (IEA). Les recommandations sont claires : maximiser la quantité et la valeur de l’énergie solaire et éolienne dans le système électrique.
L’Inde 3ème pays consommateur d’énergie au monde
Concomitant aux progrès significatifs du pays en termes d’électrification universelle, la demande totale d’électricité indienne augmente. La consommation totale, des 28 États et 8 territoires d’Inde représentent un tiers de la moyenne mondiale et devrait augmenter. Les sociétés indiennes de distribution d’électricité sont en tension, malgré une baisse passagère de la demande, durant la crise de la Covid-19.
3 défis majeurs
L’utilisation fiable de l’énergie nécessite le maintien d’une stabilité des prix pour les sociétés de distribution, de l’accès pour les consommateurs. Dans le même temps, il s’agit d’incorporer une part croissante d’énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays. Enfin, un équilibre doit être trouvé entre objectifs économiques et contraintes sociales et climatiques.
La demande accrue, couplée à la croissance des énergies renouvelables, modifie entièrement l’architecture du système électrique indien. De forte disparités sont relevées entre États riches et régions périphériques. Le défi majeur reste celui de l’intégration des systèmes. Pour preuve, la part du solaire et de l’éolien représente 8,2% au niveau national, 29% au Karnataka, 20% au Rajasthan.
450 GW de renouvelable en 2030
Selon le gouvernement indien, la capacité de production d’énergie renouvelable devrait atteindre 450 GW en 2030. L’inquiétude pointe quant à la production excessive d’énergies renouvelables variables (ERV). Une intégration réussie nécessite d’apprécier la volatilité de la demande, les variations de fréquence et les problèmes de tension locale.
Pour assurer la sécurité du système, certains chefs d’État plaident en faveur d’une réduction des risques, par l’utilisation limitée d’ERV. Il convient ainsi d’irriguer les États dépourvus d’électricité pour permettre, localement, la transition du charbon vers le renouvelable. Il semble également important de diversifier les sources d’énergie pour ne pas dépendre uniquement de l’énergie solaire et éolienne.
Surveiller l’inertie du système, maximiser la valeur du renouvelable
Avec l’intégration grandissante de l’éolien et du solaire, il est crucial de stimuler la congruence du système local. Selon le rapport, les États doivent développer toute source de flexibilité susceptibles de maximiser la valeur de l’énergie renouvelable. Le rapport de l’IEA insiste : jouer sur la flexibilité implique une mise en regard du contexte régional et national.
Le système électrique se décomposant en plusieurs étapes, il existe différentes sources de flexibilité. En termes de demande ou de stockage, ou encore au sein des centrales et des réseaux électriques, les solutions existent. Au niveau politique, commercial, réglementaire, la combinaison optimale est recherchée et envisagée à court et moyen terme, jusqu’en 2030.
Transformer la demande : une participation proactive
L’IEA prévoit une participation accrue du secteur agricole, de l’industrie et des infrastructures d’ici à 2030. Concrètement, la demande d’électricité pourrait évoluer d’une consommation passive pure, à une participation proactive des secteurs concernés. Les utilisateurs agricoles jouent déjà involontairement un rôle dans l’équilibrage offre – demande, grâce au déplacement de la charge d’irrigation.
Les réformes politiques et tarifaires impactent le potentiel de réponse de la demande et améliore la flexibilité du système électrique. La plupart des États utilisent les tarifs horaires comme base d’ajustement face à la demande industrielle. Le rapport recommande néanmoins l’installation d’infrastructures de comptage avancées pour une évolution des tarifs selon l’heure d’utilisation. Cela impliquerait l’avènement d’appareils électroménagers intelligents et de compteurs numériques avancés au sein des ménages.
Encadrer la montée en puissance des systèmes solaires
Les systèmes solaires sur les toits sont en concurrence directe avec les sociétés de distribution électrique. Le rapport insiste cependant sur le potentiel de soutien de ces systèmes au réseau basse tension. Les expériences internationales démontrent que les actifs solaires sur les toits apportent stabilité de tension et puissance réactive.
Il s’agit donc, selon l’IEA, d’encadrer les systèmes solaires pour gagner en visibilité et en efficacité. Collecter les données au niveau étatique et national, exiger l’application de tarifs stricts selon l’heure d’utilisation sont les recommandations principales. Cette feuille de route devrait permettre l’émergence d’un équilibre optimal entre sociétés de distribution, acteurs du marché solaires et consommateurs.
Vers une transition énergétique totale
À terme, les technologies renouvelables devraient remplacer les centrales électriques au charbon. Pour répondre aux normes d’émission plus strictes et aux objectifs de neutralité carbone, l’investissement financier reste une condition primordiale. En jouant sur la flexibilité du système préalable, tout en développant des structures électriques inédites, l’Inde achèverait une transition complète.
D’ici à 2030, la capacité de charbon du système électrique passera à 269 GW, contre 235 GW en 2019. L’utilisation des centrales devrait être bouleversée : d’un fonctionnement stable à un fonctionnement oscillant entre des niveaux de production minimum et maximum. L’investissement servira à façonner de nouvelles conceptions de compensation pour les centrales, au service d’une flexibilité accrue.
La refonte d’un cadre réglementaire solide, dopant la flexibilité du système, est indispensable à l’avènement d’une transition énergétique en Inde. L’IEA stipule que l’intégration des énergies renouvelables en Inde implique la prise en compte des relations d’interdépendance entre États. Stimuler le commerce inter-étatique, tout en renforçant les infrastructures, permettrait l’émergence d’une transition douce et pérenne pour le secteur énergétique indien.