La transition énergétique chinoise doit permettre au pays d’atteindre la neutralité carbone en 2060. Toutefois, selon l’Oxford Institute for Energy, ce 14ème plan quinquennal (2021-2025) comporte quelques failles.
La transition énergétique chinoise : un 14ème plan quinquennal faible
Ratification du 14ème plan quinquennal chinois
11 mars 2021 – L’Assemblée Nationale populaire de Chine ratifie et publie le 14ème plan quinquennal (2021-2025). Il s’agit d’un document longuement attendu par la société internationale. Annoncé en septembre par XI Jinping puis dévoilé le 5 mars 2021. Il avait affirmé sa volonté de réduire les émissions carbonées d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.
Le plan quinquennal est plutôt général, faisant un compromis entre les ambitions environnementales et la réalité politique. Dans les deux plans précédents, la Chine avait assumé ses ambitions environnementales et avait même dépassé ses objectifs d’intensité carbone. Selon l’Institut de recherche sur les énergies d’Oxford, ce dernier plan, quant à lui, parie sur la réalité politique.
20% d’énergies renouvelables d’ici 2030
Le plan prévoit ainsi d’augmenter de 20% la part des énergies non fossiles dans le mix énergétique chinois d’ici 2030. Un objectif raisonnable qui s’avère peu ambitieux quand 15,8 % du mix énergétique du pays est déjà constitué d’énergies renouvelables. L’augmentation de 20 % ne sera donc pas une tâche complexe à respecter pour le gouvernement.
Ce plan, de 148 pages, fait plusieurs références au domaine énergétique, mais n’évoque que rarement la question du climat. Il sera donc sûrement suivi de plans sectoriels et plus opérationnels sur les différentes stratégies énergétiques à implémenter.
Aucunes annonces d’infrastructures pour le renouvelable
Pékin avait fait la promesse d’installer 1200 GW de capacité solaire et éolienne, dans une logique de développement durable. Toutefois, le 14ème plan n’a fixé aucun objectif concret pour la mise en place d’infrastructures génératrices d’énergies renouvelables d’ici 2025.
Le plan soutient donc explicitement les énergies renouvelables, mais ne concrétise pas ses promesses par des cibles de capacité productive.
Atteindre 70 GW de capacité nucléaire
La seule cible explicitement établie par le plan quinquennal concerne le nucléaire. Le Chine a désormais l’objectif d’atteindre 70 GW de capacité nucléaire d’ici 2025, quand elle est de 52 GW actuellement. Il est intéressant de souligner que la Chine, durant 2015-2020, avait déjà doublé sa capacité de production d’énergie nucléaire.
Le plan souhaite aussi favoriser la recherche dans le nucléaire. Une attention particulière est attribuée aux turbines de gaz, à la construction de bateaux pour GNL. La Chine souhaite également se pencher sur la construction de plateformes de production pétrolière et gazière offshore.
Maintenir le charbon pour assurer l’indépendance énergétique
Le charbon : 57% du mix énergétique chinois
La Chine ne passe pas à côté de l’hostilité croissante des pays extérieurs à sa zone d’influence. C’est par cela qu’elle explique ses nombreuses références à l’utilisation du charbon, dans une logique de sécurité énergétique. Le charbon représente 57 % du mix énergétique chinois, et c’est donc une ressource fondamentale à l’économie du pays.
Des objectifs en recul
Le gouvernement a mis en place un plancher de production énergétique domestique de 4,6 milliard de tonnes d’équivalent charbon (tec). Le but est de pouvoir répondre à une demande domestique énergétique primaire équivalente à 5,6 milliard de tec d’ici 2035. L’indépendance énergétique semble alors être une option pour la Chine.
C’est d’ailleurs pour cela que le plan quinquennal n’a pas voulu limiter la consommation nationale de charbon. Un clivage de plus avec le plan précédent, qui avait plafonné cette consommation à 4,1 milliards de tonnes. L’Association Chinoise pour le Charbon aurait suggéré d’inclure 4,2 milliards de tonnes dans les plans sectoriels sur l’énergie à venir.
Dépendance aux indicateurs économiques
Absence de plafonnement d’émissions de carbone
L’Institut pour le Changement climatique et le développement durable de Tsinghua affirme que la Chine atteindra bientôt son pic d’émission carbone. Représentant 10,5 milliards de tonnes de CO2 émises avant 2030, cette prévision est fondée sur la croissance économique (5,3 % environ). Ce pic sera également le fruit des réductions d’intensité carbone des dernières années (émissions de CO2 par point de PIB).
Toutefois, le 14ème plan n’a pas inclus de cible chiffrée de PIB pour les cinq prochaines années. Il sera donc difficile de prévoir de potentielles réductions d’intensité carbone. En effet, les objectifs environnementaux chinois sont reliés par essence aux performances économique du pays.
Absence d’étude des quotas d’émissions
L’option des quotas d’émission carbone n’a pas été étudiée par le gouvernement du fait de la pandémie. Les quotas ont déjà rencontré des mises en œuvre peu satisfaisantes et parfois même contre-productives dans le passé.
In fine, l’absence de plafonnement d’émissions carbone et une intensité carbone corrélée au PIB sont des failles du plan. Au vu de la croissance chinoise continue et stable, les émissions de carbone ne feront donc qu’augmenter.
Tentant de mettre l’accent sur le renouvelable, le 14ème plan a échoué dans la concrétisation d’une stratégie de transition énergétique. Ce plan sera probablement détaillé dans les plans sectoriels et industriels à venir, pour répondre aux promesses environnementales du gouvernement.