La transition énergétique en Australie engagée par le recours aux énergies renouvelables va bouleverser le marché énergétique national. Un rapport énonce en ce sens que cinq des seize centrales à charbon restantes en Australie pourraient ne plus être financièrement viables d’ici 2025. Cela serait dû, en grande partie, à l’arrivée massive d’énergie solaire et éolienne bon marché sur le réseau électrique.
La rapidité de la transition énergétique en Australie sous estimée
La transition énergétique en Australie et le bouleversement du marché intérieur de l’énergie à fait l’objet d’un nouveau rapport. Conjointement porté par le Green Energy Markets (GEM) et l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA). Il s’agit d’une analyse complète, prenant en compte les projets existants, et ceux ayant été engagés. Ce rapport permet aux clients d’apprécier l’état actuel du marché.
Tristan Edis, directeur de GEM, a parlé de « raz-de-marée » de la nouvelle électricité propre. Selon lui, ce très fort développement des énergies renouvelables (EnR) avait été largement sous-estimé par les autorités politiques et économiques. Il ressort de ce rapport que les conséquences de ce développement sur le parc de centrale à charbon avaient également été sous-estimé.
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Les EnR forcent la main au charbon australien
L’avènement massif du renouvelable sur le marché australien va donc avoir des conséquences importantes sur le parc de charbon.
L’avènement du renouvelable : 70 GWh entre 2018 et 2025
Le rapport exergue qu’une quantité énorme d’énergie renouvelable est en cours d’ajout sur le marché de l’électricité australien. Les deux groupes ont constaté que les centrales solaires et éoliennes construites entre 2018 et 2025 ajouteraient 70 GWh à la nouvelle offre d’électricité. Cela correspond à plus d’un tiers de ce qui est actuellement utilisé sur le réseau national chaque année.
D’ici 2025, le rapport prévoit que la capacité en EnR comprendra 8 GW d’énergie solaire pour le service public et 12 GW d’énergie éolienne. Mais aussi 22 GW d’énergie solaire sur les toits.
Les 16 centrales à charbon nationales menacées de fermeture
L’essor des EnR aura de fortes conséquences sur le charbon. Plusieurs centrales au charbon sur le marché national de l’électricité risquent de ne pas être financièrement viables d’ici 2025. Au moins une des 16 centrales du pays risque de fermer prématurément en raison de leurs faibles flexibilités.
Si l’une d’entre elles devait fermer prématurément, cela changerait la viabilité de celles qui restent. Si le prix de l’électricité augmenterait à très court terme, il re-baisserait de sitôt que des installations d’EnR se développerait. En effet, le rapport a estimé que les recettes des différentes centrales à charbon allaient probablement baisser. Ainsi passer en 2025 de 44 à 67% de ce qu’elles étaient en 2018.
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Compléter les EnR et le déclin du charbon avec du gaz naturel ?
Déclin de 78% de la production gazière d’ici 2025
Le rapport souligne la nécessité d’un plan de transition national pour guider l’inévitable abandon des centrales au charbon, qui pourrait s’accélérer plus tôt que prévu. En effet, le rapport prévoit que la production des centrales à gaz diminuera de 78% et celle du charbon de 28% d’ici 2025 par rapport aux niveaux de 2018. Mais alors, quelle énergie viendrait compléter les énergies solaires et éoliennes ?
En effet, le solaire et l’éolien ne peuvent à eux seuls pourvoir la totalité du marché de l’électricité nationale, car ces sources sont contraintes par leurs environnements. Une autre source d’énergie, actuellement le charbon, doit venir en complément. Néanmoins, les centrales à charbon sont vétustes, peu respectueuses de l’environnement, et l’investissement dans celles-ci risque d’être contre-productif selon le rapport.
Selon M. Edis, cette source d’énergie complémentaire doit être viable, c’est-à-dire « flexibles, pour s’adapter aux changements de la production éolienne et solaire ». Cette nouvelle génération plus flexible pourrait venir de plusieurs éléments : batteries, hydroélectricité pompée, gestion de la demande (les utilisateurs étant payés pour réduire leur consommation d’électricité aux heures de pointe) et, potentiellement, le gaz.
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Mais le gouvernement promet une reprise de l’activité gazière
De nouvelles centrales à gaz seraient probablement la plus coûteuse des options. Néanmoins, le gouvernement soutient que le combustible fossile est essentiel et a promis une « reprise au gaz » après la récession. La construction de nouvelles centrales à gaz est donc envisageable.
En somme, l’essor massif des EnR modifie drastiquement le marché de l’électricité australien. Ces changements majeurs doivent être complétés par des politiques d’accompagnement. D’une part du développement du renouvelable, et d’autre part du déclin du charbon.