TotalEnergies a confirmé son projet de cotation à New York dans le cadre de sa stratégie d’expansion sur le marché financier américain. L’annonce a été faite par son PDG Patrick Pouyanné, qui a tenu à préciser qu’il ne s’agissait pas d’un changement de marché principal mais d’une meilleure accessibilité pour les investisseurs nord-américains. Actuellement, 50 % des actionnaires institutionnels du groupe sont basés aux États-Unis, renforçant la pertinence de cette initiative.
Une cotation complémentaire et non une double cotation
Contrairement à certaines grandes entreprises internationales qui maintiennent des actions distinctes sur plusieurs marchés, TotalEnergies a opté pour une cotation unique simultanée à Paris et New York. Cette stratégie garantit que le prix des actions sera aligné sur les deux marchés, ajusté selon le taux de change.
Le modèle de TotalEnergies se distingue ainsi de celui de Shell, qui, entre 2005 et 2022, avait deux catégories d’actions distinctes sur les places de Londres et de La Haye avant de fusionner. De même, Rio Tinto conserve aujourd’hui une double structure entre Londres et Sydney, alors que TotalEnergies cherche à simplifier l’accès aux investisseurs sans introduire de complexité supplémentaire.
Les limites des ADR pour les investisseurs américains
TotalEnergies est déjà présent sur le marché américain via les American Depositary Receipts (ADR), qui représentent environ 9 % de son capital. Ces instruments permettent aux investisseurs américains d’acheter des actions étrangères sous une forme réglementée par la Securities and Exchange Commission (SEC).
Cependant, ces ADR sont souvent jugés coûteux par les investisseurs institutionnels. En effet, les intermédiaires financiers appliquent des frais additionnels, notamment des commissions bancaires prélevées par des acteurs comme JP Morgan à New York et BNP Paribas à Paris. Pour remédier à cette situation, TotalEnergies prévoit de convertir ses ADR en actions ordinaires afin d’améliorer la liquidité du titre et d’en réduire le coût d’acquisition.
Une valorisation en quête de rattrapage
L’autre enjeu majeur de cette cotation est l’écart croissant de valorisation entre les entreprises européennes et américaines. En 2024, le marché américain s’est montré plus résilient que son homologue européen, notamment face aux incertitudes économiques en zone euro.
Plus de 100 entreprises européennes ont d’ailleurs opté pour une introduction en Bourse hors de l’UE afin de bénéficier d’une meilleure valorisation. TotalEnergies cherche ainsi à capitaliser sur cette dynamique en renforçant sa présence aux États-Unis, un marché clé pour l’industrie énergétique.
Paris reste le centre névralgique du groupe
Face aux interrogations politiques, Patrick Pouyanné a réaffirmé que Paris resterait la place boursière principale du groupe et que le siège social demeurerait en France. L’entreprise ne prévoit pas de modifier sa structure juridique ni de déplacer son centre de décision.
L’objectif de cette opération est donc strictement financier et vise à renforcer la compétitivité de TotalEnergies sur le marché mondial. En améliorant la visibilité de ses actions aux États-Unis, le groupe espère attirer un volume accru d’investissements institutionnels et optimiser sa valorisation boursière.