TotalEnergies, le géant pétrogazier français, a tenu une réunion cruciale à New York pour présenter sa stratégie face à la récente baisse des prix de l’énergie. Cette rencontre, qui a réuni des investisseurs de part et d’autre de l’Atlantique, a été marquée par des annonces significatives concernant les plans futurs de l’entreprise.
Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a dévoilé des prévisions de croissance révisées, visant une augmentation de la production d’hydrocarbures de plus de 3% par an jusqu’en 2030. Cette hausse, principalement axée sur le gaz liquéfié (GNL), dépasse les estimations précédentes de 2 à 3% par an.
Dans un ajout majeur à sa stratégie, Patrick Pouyanné a confirmé la volonté de TotalEnergies d’obtenir une double cotation à la Bourse de New York, en plus de Paris. Il a précisé que ce projet est « soutenu unanimement » par le conseil d’administration, mettant ainsi fin aux rumeurs de divisions internes. « Paris restera le marché boursier d’introduction des actions de TotalEnergies », a-t-il affirmé, soulignant que la transformation des American Depositary Receipts (ADRs) en actions ordinaires vise à simplifier la gestion pour les actionnaires américains et à accroître la liquidité des titres.
Pouyanné a ajouté que le groupe est déjà coté à New York et que le projet consiste à convertir les ADRs, qui représentent actuellement 9% du capital de l’entreprise, en actions ordinaires. « Nous voulons juste transformer les ADRs en actions ordinaires », a-t-il expliqué, invoquant une simplification de gestion pour les actionnaires américains et la volonté d’accroître la liquidité sur son titre. « Ce ne sera pas une révolution », a-t-il relativisé, précisant que des aspects techniques restent à clarifier, notamment les développements informatiques nécessaires et la collaboration avec les autorités européennes et américaines.
En parallèle, TotalEnergies a annoncé des investissements nets compris entre 16 et 18 milliards de dollars annuels pour la période 2025-2030. Sur cette somme, environ 5 milliards de dollars seront dédiés aux énergies bas-carbone, renforçant ainsi l’engagement du groupe envers la transition énergétique. Toutefois, le PDG a précisé que l’entreprise se réserve la possibilité de réduire ses investissements nets de 2 milliards de dollars en cas de chute significative des prix.
La stratégie de TotalEnergies inclut également la sécurisation des ventes de GNL via des contrats de long terme, visant à atténuer l’impact des fluctuations des cours de l’énergie. Cette approche vise à stabiliser les revenus de l’entreprise malgré un marché volatil.
Un point central de la présentation a été le projet de cotation de TotalEnergies à la Bourse de New York. Annoncé en avril dernier, ce projet avait suscité des réactions mitigées, notamment de la part du président français Emmanuel Macron, qui avait demandé des clarifications. Patrick Pouyanné a expliqué qu’il s’agissait d’une transformation des titres existants plutôt que d’une nouvelle cotation principale, visant à répondre à l’intérêt croissant des investisseurs nord-américains.
Actuellement, 48% de l’actionnariat de TotalEnergies est composé d’investisseurs institutionnels nord-américains, reflétant l’appétit du marché américain pour les projets d’énergies fossiles, malgré une réglementation européenne renforcée en faveur de la transition énergétique.
La proposition de double cotation à Wall Street, désormais soutenue unanimement par le conseil d’administration, reste toutefois sujette à quelques aspects techniques. Patrick Pouyanné a mentionné la nécessité de développer des infrastructures informatiques et de collaborer avec les autorités européennes et américaines pour finaliser le projet. Cette décision stratégique pourrait influencer la perception du groupe sur le marché international et faciliter l’accès à de nouveaux capitaux.
Malgré les défis actuels liés à la baisse des prix de l’énergie, TotalEnergies se positionne pour maintenir une croissance stable grâce à ses investissements stratégiques et à sa diversification énergétique. L’entreprise prévoit également de racheter pour 8 milliards de dollars d’actions en 2024, une mesure qui pourrait être impactée par les discussions en France sur la taxation des rachats d’actions.
L’année 2024 pourrait marquer un retour à la normale pour TotalEnergies après des bénéfices records en 2022 et 2023, générés en partie par la crise énergétique mondiale. La capacité du groupe à naviguer dans ce contexte économique incertain sera déterminante pour son succès futur.