Malgré des prix du gaz et du pétrole en recul début 2023, TotalEnergies a annoncé jeudi avoir engrangé au premier trimestre 2023 un bénéfice net en hausse de 12% à 5,6 milliards de dollars, tout en annonçant la vente de ses actifs canadiens dans les sables bitumineux.
L’an dernier, de janvier à mars, le géant français avait publié un résultat net de 4,9 milliards, tenant cependant compte d’une importante provision, conséquence d’une dépréciation de 4,1 milliards de dollars de ses actifs russes. Cette année, son résultat trimestriel net ajusté (hors éléments non récurrents), de 6,5 milliards de dollars, fait donc apparaître une baisse de 27% par rapport aux 8,97 milliards de l’an passé.
Parallèlement à ses résultats trimestriels, le groupe a annoncé jeudi la vente de ses activités d’exploitation des sables bitumineux au Canada à SunCor Energy pour 4,1 milliards de dollars, dans le cadre d’une stratégie de réduction de son empreinte carbone. Cette cession, qui porte sur l’intégralité des titres de la filiale canadienne du groupe français, TotalEnergies EP Canada Ltd, devrait être finalisée « avant la fin du 3e trimestre 2023 », a précisé le groupe.
Les sables bitumineux de l’ouest canadien forment un vaste gisement de pétrole brut dont le Canada est le principal producteur au monde. Ils sont composés de sable, d’eau, d’argile et d’un type de pétrole appelé bitume, trop lourd et épais pour s’écouler librement, ressemblant à une mélasse, explique le site de l’Association canadienne des producteurs de pétrole (ACPP).
Cette exploitation est critiquée par les ONG environnementales pour son effet sur le climat: les processus qui permettent de transformer les sables bitumineux en carburant libèrent de trois à cinq fois plus de gaz à effet de serre que le pétrole conventionnel, estime Les Amis de la Terre dans une fiche consacrée au sujet, selon laquelle cette activité « entraîne des pollutions, la destructions de forêts et des perturbations de la faune sauvage ».
Depuis une évaluation en juin 2022, les sables bitumineux canadiens étaient qualifiés de « stranded assets » par le pétrolier français, une expression qui désigne des actifs « échoués » ou « bloqués » ayant perdu leur valeur. En 2022, la major française a enregistré le bénéfice le plus important de son histoire, 20,5 milliards de dollars, surfant sur l’envolée des cours du gaz et du pétrole dans le sillage de la guerre en Ukraine, qui avait ravivé les appels à taxer davantage les « superprofits » et à arrêter l’exploitation d’hydrocarbures.
Après avoir largement franchi la barre symbolique de 102 dollars en 2022, le baril de Brent, référence de l’or noir, a subi une dégringolade depuis les premiers mois de 2023 : il était jeudi en deçà de 80 dollars.
Nouveau rachat de titres
Conséquence de la baisse des cours, le chiffre d’affaires trimestriel du groupe est en recul par rapport à la même période l’an dernier, à 62,6 milliards de dollars (-8,7%). Les analystes sondés par Factset et Bloomberg tablaient sur un résultat net avoisinant 6 milliards de dollars et un chiffre d’affaires compris entre 58,2 et 58,6 milliards de dollars. Peu avant 12H00, le titre était en baisse de 1,44% à 57,56 euros, dans une bourse de Paris en légère hausse (+0,44%).
Dans une note, les analystes d’Oddo BHF ont pourtant salué des résultats « parfaitement en ligne avec les attentes » et salué un « désinvestissement bienvenu des actifs canadiens ». L’ONG Britannique Global Witness a dénoncé de son côté les « immenses bénéfices » réalisés par le groupe, « alors que des millions de personnes sont aux prises (…) avec des factures énergétiques élevées et une inflation croissante ».
Ce à quoi le groupe a répondu en rappelant avoir soutenu ses clients électricité en France ayant réalisé des économies d’énergie cet hiver : « un million de Français ont réduit leur consommation d’en moyenne 15% et toucheront donc un bonus d’en moyenne 90 euros (qui s’ajoute à leur réduction permise grâce à l’électricité économisée) ». « Conforté » par ses bons résultats financiers, le groupe a également « confirmé l’augmentation de 7,25% du premier acompte sur dividende » au titre de 2023, à 0,74 euro par action, « ainsi que le rachat jusqu’à deux milliards de dollars d’actions au deuxième trimestre 2023 ».