Le géant français TotalEnergies fait face à une contestation judiciaire sur son projet Mozambique LNG, à la suite d’un prêt accordé par la Export-Import Bank of the United States (Exim Bank) pour un montant de $4,7 milliards (EUR4,34 mds). L’organisation non gouvernementale Les Amis de la Terre a annoncé avoir déposé un recours à Washington, contestant la légalité de l’approbation du financement et de la composition du conseil d’administration de l’agence américaine. Le recours intervient alors que les opérations sur le site gazier, situé dans le nord du Mozambique, sont suspendues depuis 2021.
Un projet gazier suspendu après une attaque majeure
Le projet Mozambique LNG, porté par un consortium piloté par TotalEnergies, représente un investissement total estimé à $20 milliards (EUR18,48 mds). La production devait démarrer à Afungi, mais l’attaque armée de Palma, en 2021, a entraîné l’arrêt du chantier. L’incident, attribué à un groupe affilié à l’organisation Etat islamique, a causé plus de 800 morts selon l’Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), affectant également des sous-traitants du projet.
Après avoir invoqué la force majeure, TotalEnergies a maintenu ses intentions de relancer l’activité, indiquant que la décision finale de redémarrage pourrait être prise au cours de l’été. Le projet s’inscrit dans une zone à haut potentiel gazier, la province du Cabo Delgado, où d’importantes réserves de gaz naturel ont été découvertes dans les années 2010.
Recours judiciaire et enquêtes sur les exactions
Le recours introduit par Les Amis de la Terre cible le processus d’approbation du prêt, en alléguant l’absence d’études environnementales et d’évaluations économiques requises. L’ONG met également en cause la nomination du conseil d’administration de l’Exim Bank sous la présidence de Donald Trump. Par ailleurs, la région du Cabo Delgado a été le théâtre d’accusations graves contre les forces armées mozambicaines chargées de la sécurité du site gazier. Selon des témoignages recueillis par Politico, des exactions mortelles auraient été commises sur des villageois durant la période de crise.
Des enquêtes ont été ouvertes par la justice mozambicaine et la commission des droits humains du Mozambique. TotalEnergies a déclaré avoir sollicité ces investigations pour faire toute la lumière sur les événements rapportés.
Positionnement des acteurs impliqués
Une procédure judiciaire distincte est également en cours en France, visant TotalEnergies pour homicide involontaire. Cette plainte, déposée par des survivants et des familles de victimes de l’attaque de Palma, reproche au groupe de ne pas avoir garanti leur sécurité. Les ONG locales, telles que Justiça Ambiental, partenaires de Les Amis de la Terre, ont qualifié les projets gaziers de la province de « bombes climatiques », tout en mettant l’accent sur l’impact social des développements en cours.
La porte-parole de la Exim Bank a indiqué à l’Agence France-Presse que l’organisme ne commentait pas les litiges en cours, affirmant toutefois que « la banque continue d’opérer en conformité avec toutes les lois et réglementations applicables ».