La tarification carbone pourrait faire chuter les émissions de gaz à effet de la Thaïlande en à peine 10 selon le dernier rapport de l’IEA. Deux scénarios proposés selon la capacité de renouvelable installé et le coût à la tonne des émissions équivalent CO2.
Tarification carbone ou comment faire payer le carbone pour réduire ses émissions
Dans un de ses derniers rapports, l’Agence Internationale des Énergies (IEA) s’intéresse à la Thaïlande. L’État Asiatique souhaite jouer son rôle dans les efforts internationaux visant à résoudre les problèmes climatiques. Cela passe par une réduction des émissions qui pourrait être accélérée avec un élément : la tarification carbone.
La baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) est un enjeu central de la transition énergétique. Comme beaucoup d’autres pays, le secteur de l’électricité en Thaïlande représente 38% des émissions de CO2 liées à l’énergie. L’IEA explore donc le rôle potentiel de la tarification du carbone pour favoriser plus rapidement un changement bénéfique et nécessaire.
La Thaïlande encore dépendante des énergies fossiles
Mais si cette question se pose aujourd’hui, c’est aussi car la Thaïlande doit s’émanciper des énergies les plus polluantes. En 2016, le pays dépendait des importations pour 98% de son énergie fossile. La situation s’est ensuite améliorée. Mais en 2018, la consommation énergétique thaïlandaise se composait encore à 83% d’énergies fossiles. Ce sont ces dernières années que l’amélioration est la plus importante, la part de renouvelables passant de 16 à 40%.
Cette croissance du renouvelable dans son mix énergétique montre la volonté d’une énergie plus verte pour la Thaïlande. Consciente de cette envie, l’IEA souhaite donc l’aider à se tourner vers une consommation plus propre. Le rapport propose donc des solutions adaptées à travers divers scénarios et simulations pour réduire l’empreinte carbone du pays.
Quel scénario pour quel résultat ?
Dans son rapport, l’IEA explore deux scénarios différents : PDP et Flex. Le scénario PDP prend pour base le développement actuel du secteur énergétique Thaïlandais, alors que Flex se base sur un futur plus progressif. Dans les deux cas, l’agence examine les deux scénarios en fonction de plusieurs prix mis en place sur le carbone rejeté.
Quatre coûts différents ont été modélisés dans l’étude : 0, 10, 30 et 40 USD par tonne de CO2. Dans le scénario PDP, les émissions ne baissent qu’à partir d’une tarification à 30 USD/teqCO2. Avec le prix le plus haut appliqué (40USD/teqCO2), les GES ne diminueraient que de 11% au maximum d’ici 2030.
Le scénario Flex, lui, montre des résultats plus importants puisqu’il imagine un secteur du renouvelable plus présent en Thaïlande. Avec 15 GW de capacité renouvelable supplémentaire en 2030 et sans tarification du carbone, les émissions baisseraient déjà de 11%. Le résultat serait donc le même qu’avec une tarification maximale dans le scénario PDP, sans changement de stratégie.
Des EnR et une tarification forte : -22% de GES en 10 ans
C’est donc dans le scénario le plus radical que la baisse des émissions pourrait être la plus significative. Avec plus de capacité électrique renouvelable et une haute tarification carbone (40USD/t), les GES diminueraient de 22% en 10 ans. La Thaïlande pourrait ainsi réduire de près d’1/4 son empreinte carbone, soit 26 mégatonnes (Mt) de CO2.
Encourager les entreprises à passer au vert et faire « payer » le carbone
Tout l’enjeu réside maintenant dans la proposition d’un tarif à la fois abordable et attractif pour les entreprises. La tarification carbone s’identifie clairement comme une véritable solution pour faire passer l’électricité Thaïlandaise au vert. Les scénarios avancés par l’IEA montrent tous que faire payer les émissions amèneraient à réduire l’empreinte carbone du pays.
Cependant, cette mesure doit aussi encourager les entreprises à s’émanciper du charbon et du pétrole, très coûteux écologiquement. Le rapport prévoit des prix plus compétitifs pour le solaire et l’éolien, qui concurrenceront à terme ces énergies fossiles. Ces changements couplés à un prix du carbone de minimum 20USD/teqCO2 feraient du passage au renouvelable une quasi-évidence.