Le réacteur Maanshan 2, d’une capacité de 938 mégawatts électriques, a cessé de fonctionner le 17 mai, mettant un terme à près de quarante ans de production nucléaire à Taïwan. L’arrêt de cette unité, exploitée par Taiwan Power Company (Taipower), s’inscrit dans le cadre de l’expiration de sa licence d’exploitation et d’une politique de retrait progressif du nucléaire adoptée par les autorités nationales.
Arrêt encadré par la réglementation
D’après le ministère des Affaires économiques, la puissance du réacteur a été progressivement réduite à partir de 13h, heure locale, avant une déconnexion complète du réseau vers 22h. L’unité a ensuite été placée en arrêt sûr dans les heures suivantes. La construction de Maanshan 2 avait débuté en février 1979, avec une entrée en service commercial au printemps 1985.
La procédure de fermeture a respecté les obligations réglementaires, qui imposent aux exploitants de déposer une demande de démantèlement au moins trois ans avant l’arrêt effectif de la production. Cette démarche avait été lancée en juillet 2021 par Taipower pour l’ensemble des deux unités de la centrale.
Disparition progressive du parc nucléaire taïwanais
L’unité 1 de Maanshan, d’une puissance de 936 mégawatts électriques, avait été arrêtée le 27 juillet 2023, à l’expiration de sa licence. Cette fermeture intervient après celles des réacteurs des centrales de Chinshan et Kuosheng, progressivement mises hors service entre 2018 et 2023, conformément aux échéances prévues par les textes réglementaires.
Le projet de centrale de Lungmen, débuté en 1999, a été suspendu en raison de blocages juridiques et politiques, laissant un réacteur achevé mais non opérationnel et un second à l’arrêt de construction. À son apogée, le parc nucléaire taïwanais comptait six réacteurs actifs.
Cadre politique et législatif de la sortie du nucléaire
Le Parti démocrate progressiste (Democratic Progressive Party, DPP), arrivé au pouvoir en 2016, avait fait inscrire la sortie du nucléaire dans la loi par une modification de la législation sur l’électricité. Cette réforme prévoyait un mix énergétique composé à 20 % de sources renouvelables, 50 % de gaz naturel liquéfié et 30 % de charbon.
Même si cet amendement a été abrogé à la suite d’un référendum organisé en novembre 2018, le ministère des Affaires économiques a confirmé sa suppression effective de la loi le 2 décembre. En janvier 2019, le ministre Shen Jong-chin avait déclaré qu’aucune extension ni redémarrage des installations nucléaires ne serait autorisé, évoquant à la fois des contraintes techniques et une opposition sociétale persistante.
Capacités alternatives mises en service
Selon le ministère, la fin de l’exploitation nucléaire ne compromettra pas la sécurité d’approvisionnement électrique. Quatre unités thermiques fonctionnant au gaz, d’une capacité totale d’environ 5 millions de kilowatts, entreront en service en 2025 dans les centrales de Datan, Hsingda et Taichung. Parallèlement, environ 3,5 millions de kilowatts issus de la production éolienne et solaire seront ajoutés au réseau. Maanshan 2 assurait jusqu’à sa fermeture environ 3 % de l’électricité consommée à Taïwan.