Le système électrique français vient d’être passé à la loupe par RTE dans l’objectif de définir ses perspectives d’évolution d’ici à 2030. Une évolution en trois temps que le gestionnaire de réseau de transport français (RTE) énonce dans son rapport publié fin mars. L’objectif étant de résorber les marges d’approvisionnement et la résilience du réseau, pour engager ensuite sa décarbonation. Retour sur le diagnostic du réseau et ses perspectives d’évolution selon RTE.
Le système électrique français face au choc de la pandémie de Covid-19
Constat après l’année 2020 et résorption du réseau avant 2024
Selon le rapport de RTE, le système électrique français doit en premier lieu résorber ses marges d’approvisionnement lourdement endommagées par la pandémie de coronavirus. Celle-ci ayant ralenti l’agenda de maintenance du parc nucléaire. Par conséquent, la disponibilité du parc s’est réduite. 3 GW de moins à l’hiver 2020-2021 par rapport aux deux précédents.
L’hiver 2021-2022 pourrait même être plus difficile que l’hiver précédent. Comme le précédent, il accusera du retard dans la maintenance. Mais celle-ci sera en plus couplée d’une augmentation de la demande d’électricité. À contrario, l’hiver 2020-2021 avait, lui, profité d’une baisse de la consommation électrique.
En somme, pour RTE, il est avant tout nécessaire de résorber ces marges d’approvisionnement. Et ce, avant 2024. Ensuite seulement pourra être envisagé une modernisation du parc électrique. C’est-à-dire la mise en route d’une stratégie forte de décarbonation. Passant notamment par le déploiement des énergies renouvelables, lui aussi ralenti par la pandémie de coronavirus.
Mise en route de la transformation du mix électrique d’ici 2024
Selon RTE, cette période 2024-2026 devrait permettre d’avancer sur trois plans. Premièrement, de rattraper le retard pris en matière de maintenance du parc nucléaire. Deuxièmement, de mettre en exploitation de nouvelles capacités, comme l’EPR Flamanville-3 planifié pour 2023. Ainsi, de remplacer les installations vieillissantes dans un contexte de réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique.
Enfin troisièmement, d’accroitre l’interconnexion du réseau électrique. Et ce, afin de préparer le terrain à la décarbonation du système électrique français. Avant d’envisager une décarbonation des secteurs clés de l’économie grâce, notamment, à un transfert d’usage des énergies fossiles vers l’électricité décarbonée.
En somme, cette période devrait ainsi permettre de sécuriser la résorption des marges d’approvisionnement et de commencer à infléchir la courbe des émissions carboniques du mix électrique.
Déployer un réseau électrique décarboné à l’horizon 2030
2026 -2030 : assurer la transformation du système électrique
Toujours selon le rapport de RTE, à partir de 2026 le réseau électrique français va pouvoir entrer dans une phase de renforcement de sa stratégie de transformation. En premier lieu, les nouvelles installations développées et mises en route depuis le début de la décennie devront être pérennisées. Assurant, en plus du rattrapage sur le calendrier de maintenance nucléaire, la résorption du réseau. C’est-à-dire l’amélioration de sa résilience face aux aléas climatiques et industriels.
Décarboner le système électrique, puis l’économie
La mise en route de la décarbonation du système électrique devrait causer une augmentation de la consommation électrique d’environ 5% d’ici 2030 par rapport à 2019. En revanche, celle-ci devrait être amoindrie par les efforts engagés d’efficacité énergétique. Par la même, cette efficacité énergétique aura un rôle de renforcement de la sécurité et de la flexibilité du réseau.
Le rapport énonce ainsi que d’ici 2030, grâce à ces efforts, 30 à 40 millions de tonnes de CO2 (MtCO2) pourront être évitées chaque année. Dans un premier temps, grâce à la décarbonation du système en lui-même (10 MtC02). Dans un second temps, grâce aux transferts d’usages effectués dans les secteurs économiques les plus polluants. Ainsi, la transformation du transport, de l’industrie lourde et du bâtiment, entre autres, permettront d’éviter 20 à 30 MtCO2 par an.
Par ailleurs, la France pourrait être exportatrice d’électricité. En somme, participer aussi à la décarbonation de ses voisins.
Répondre aux objectifs français et européens
Sur l’ensemble de l’économie, la France prévoit la réduction d’au moins 40% de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 par rapport à 1990. Le pays dispose ainsi d’objectifs très concrets sur l’évolution du mix énergétique d’ici 2023 et 2028 à travers la PPE. Mais pour atteindre l’objectif d’une baisse de 40%, l’ensemble de l’économie française devra réduire ses émissions de GES de l’ordre de 110 MtCO2 par an. Et ce, avant 2030.
En outre, l’Union Européenne a renforcé ses objectifs de décarbonation à l’horizon 2030. Ceux-ci passants de -40% à -55% par rapport à 1990. Et comme la France, l’Union Européenne ambitionne la neutralité carbone d’ici 2050.