Le fabricant de piles à hydrogène Symbio a annoncé une réduction de près de 70% de ses effectifs sur son site de production de Saint-Fons, dans la région lyonnaise. Cette décision, qui concerne plus de 350 postes sur un total de 530, fait suite au retrait de son actionnaire Stellantis, qui ne prévoit plus de commandes fermes pour ses véhicules à hydrogène.
Symbio est une coentreprise détenue à parts égales par Michelin, Forvia et Stellantis. Le plan social a été présenté aux représentants du personnel, qui dénoncent un projet « d’une violence sociale rare » dans leur secteur. Le groupe justifie cette réorganisation par la nécessité de « se redimensionner » pour assurer la continuité de ses activités, tout en maintenant 175 postes.
Une usine stratégique fragilisée par le désengagement d’un client clé
L’usine de Saint-Fons, inaugurée en décembre 2023, devait produire jusqu’à 50 000 piles à hydrogène par an à partir de 2026. Symbio s’appuyait sur la demande de Stellantis, censée représenter environ 80% de ses volumes. Le retrait du constructeur met un terme à cette perspective industrielle.
L’État avait investi EUR600mn ($648mn) dans le cadre d’un plan européen de subventions, misant sur la montée en puissance de la filière hydrogène. La direction de Symbio affirme désormais entrer dans une phase de restructuration « majeure », rendue inévitable par la perte d’un débouché commercial stratégique.
Un modèle économique remis en question
Stellantis a justifié sa décision par l’absence de perspectives de rentabilité à moyen terme, évaluant à EUR700mn ($759mn) le coût de l’arrêt du programme. Les représentants du personnel de Symbio regrettent une absence de concertation dans cette décision, et pointent le décalage entre les capacités financières des actionnaires et les mesures d’accompagnement proposées.
Selon la direction, un accord de refinancement a été conclu fin novembre, sans qu’aucun détail financier ne soit communiqué. Les salariés restent dans l’attente d’informations précises sur les modalités du plan social et sur l’avenir du site.
Une filière en perte de vitesse dans l’automobile
La technologie hydrogène, longtemps perçue comme une alternative aux batteries électriques, peine à s’imposer dans les stratégies des grands constructeurs. Renault a fermé son usine d’utilitaires à hydrogène à Flins en début d’année. Seuls quelques acteurs comme Toyota, Hyundai et BMW poursuivent encore des programmes limités dans ce domaine.
Les défis liés au coût de production, à la rareté des infrastructures de distribution et au besoin d’énergie à bas prix freinent le développement industriel du secteur. Malgré ses avantages techniques, le modèle économique reste incertain pour les entreprises du secteur.