L’augmentation de la production d’énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne, est à l’origine de la hausse des heures de prix négatifs sur le marché de l’électricité. En France, à la fin juin 2024, on comptait déjà 235 heures de production à prix négatif, dépassant le record de 2023. En parallèle, le Sénat souhaite limiter le prix de l’électricité en France pour l’usage domestique des ménages après une hausse significative de 10% survenue pendant l’été 2023. Ce phénomène se produit lorsque l’offre excède largement la demande, notamment en période de faible consommation. Le marché « spot », où se négocie l’électricité pour le lendemain, a vu ses prix chuter jusqu’à -87 euros/MWh en France et -400 euros/MWh en Suisse cet été.
Cette tendance s’accélère en raison de la baisse inattendue de la demande en Europe depuis la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Les périodes de production intense, particulièrement à la mi-journée en été, coïncident avec les pics de production solaire, aggravant la situation.
Les Conséquences des Prix Négatifs
Les prix négatifs peuvent profiter aux consommateurs finaux en modérant leur facture, bien que l’impact soit souvent décalé et masqué par d’autres facteurs. Les industriels, en particulier ceux dont la consommation est flexible, peuvent optimiser leur consommation pour bénéficier de ces prix bas. Cependant, pour les producteurs d’électricité, les prix négatifs signalent un déséquilibre sur le réseau et incitent à réduire ou arrêter la production.
Les exploitants de parcs renouvelables peuvent rapidement ajuster leur production, mais tous ne le font pas en raison de contrats de production qui ne les y incitent pas nécessairement. Certains producteurs sont indemnisés par l’État si leur prix garanti n’est pas atteint, ce qui peut limiter leur réactivité aux signaux de prix.
Les Défis pour les Énergies Renouvelables
L’augmentation des heures de prix négatifs pose un problème majeur pour la filière renouvelable. Cela alimente un discours critique selon lequel les renouvelables ne seraient pas utiles, un argument nuisible à un moment où il est crucial d’accélérer la transition énergétique. Selon l’accord de la COP28, il est essentiel de tripler les capacités renouvelables d’ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
Stratégies pour Maintenir l’Équilibre
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) appelle à plus de flexibilité de l’offre et de la demande pour répondre à la récurrence des prix négatifs. Cela implique de rendre les énergies renouvelables plus pilotables et d’augmenter les capacités de stockage de l’électricité. Il est également nécessaire de stimuler la demande en incitant financièrement les consommateurs à décaler leur consommation aux périodes de surproduction.
Les renouvelables devront aussi participer davantage à l’équilibrage du système électrique, tout comme les centrales fossiles et nucléaires le font aujourd’hui. La question cruciale reste pourquoi la demande électrique n’augmente pas aussi rapidement que les capacités de production. Des signaux contradictoires, comme ceux concernant l’interdiction des voitures thermiques neuves en 2035, ajoutent à la confusion.
Le défi de la surproduction électrique souligne la nécessité d’une adaptation rapide du secteur pour maximiser les avantages des énergies renouvelables tout en assurant un équilibre constant du réseau.