La start-up française Stellaria, issue du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et de Schneider Electric, a annoncé une levée de fonds de EUR23mn ($25.2mn) afin de développer un prototype de réacteur nucléaire à sels fondus à neutrons rapides. Cette levée de fonds intervient deux ans après une première opération similaire en 2023 et porte le total des fonds sécurisés à EUR33mn ($36.2mn), en incluant les EUR10mn ($10.9mn) obtenus via le programme France 2030.
Le tour de table a été mené par le fonds américain At One Ventures et le fonds français Supernova Invest, avec la participation des investisseurs historiques CEA Investissement, Schneider Electric, Exergon et Technip Energies. Ces capitaux doivent permettre à Stellaria de finaliser les études réglementaires et techniques nécessaires au dépôt d’une Demande d’Autorisation de Création (DAC) pour une Installation Nucléaire de Base (INB).
Objectif : une première fission en 2029
Fondée en 2023, Stellaria développe le Stellarium, un réacteur de quatrième génération capable de fonctionner en cycle fermé grâce à la technologie des sels fondus et au processus d’isogénération nucléaire. Ce réacteur est conçu pour s’auto-alimenter pendant plus de vingt ans, réduisant la production de déchets à vie longue. L’entreprise prévoit une première réaction nucléaire en 2029, suivie d’une commercialisation industrielle d’ici 2035.
Le financement permettra à Stellaria de doubler ses effectifs, de renforcer ses capacités de recherche à Grenoble et d’intensifier ses collaborations scientifiques. Un démonstrateur industriel sera construit pour valider les performances du réacteur, avec un cœur liquide à neutrons rapides présenté comme une alternative potentielle aux centrales thermiques fossiles pour les industries à forte consommation énergétique.
Investisseurs misent sur la flexibilité et la compétitivité
Laurie Menoud, associée chez At One Ventures, a déclaré que Stellaria « s’attaque aux principaux verrous techniques et économiques du nucléaire ». Elle souligne notamment « la sûreté passive », « le faible CAPEX » et « la montée en puissance rapide » du Stellarium comme éléments déterminants pour l’investissement. François Breniaux, General Partner chez Supernova Invest, a pour sa part insisté sur la capacité de la technologie à « répondre aux besoins de stabilité des prix et de puissance pour les industries électro-intensives ».
Parmi les autres soutiens industriels, Schneider Electric et Technip Energies ont confirmé leur engagement à accompagner le projet jusqu’à l’échelle industrielle. Les partenaires anticipent une montée en puissance de la demande, notamment pour des applications telles que les data centres ou la production d’hydrogène sans émissions de CO2.
Giuseppe Sangiovanni, co-fondateur du fonds Exergon, a salué les progrès réalisés depuis le premier tour de financement et estime que le projet « peut répondre à la demande croissante en électricité décarbonée et pilotable au niveau européen et international ». Stellaria a été accompagnée sur cette opération par le cabinet Yards et Optiva Capital.