Stellantis a annoncé mettre un terme à son programme de développement des utilitaires à hydrogène et à la production de ses modèles équipés de piles à combustible. La décision, prise par la nouvelle direction du groupe, intervient après une analyse des perspectives de marché jugées insuffisantes pour justifier la poursuite des investissements engagés. Le constructeur, dirigé depuis fin juin par Antonio Filosa, a précisé dans un communiqué que la production en série prévue pour cet été en France et en Pologne ne serait pas lancée.
Des perspectives commerciales jugées insuffisantes
Le groupe italo-franco-américain, qui avait lancé ses premiers utilitaires à hydrogène en 2022, a indiqué n’avoir vendu que 300 unités de la première génération. Stellantis souligne que la demande pour ce type de véhicules reste très inférieure aux prévisions initiales, en raison notamment d’une disponibilité jugée trop faible des infrastructures de ravitaillement et des coûts d’investissement élevés nécessaires pour le développement de la filière. Selon le communiqué, la centaine de salariés engagés sur ce projet sera redéployée vers d’autres activités au sein du groupe.
Les véhicules utilitaires légers à hydrogène présentent des atouts techniques recherchés dans le secteur logistique, notamment une autonomie proche du diesel et des temps de recharge réduits par rapport aux modèles électriques à batteries. Toutefois, le prix d’acquisition de ces véhicules, autour de cent mille euros l’unité, et la rareté des stations de recharge constituent des freins majeurs pour une adoption à grande échelle par les entreprises et collectivités.
Conséquences pour les partenaires industriels
La décision de Stellantis soulève également la question de l’avenir de Symbio, la coentreprise fondée en 2023 avec Michelin et Forvia, dédiée à la technologie des piles à hydrogène. Stellantis a confirmé l’ouverture de discussions avec ses partenaires afin d’évaluer les prochaines étapes pour Symbio, tout en rappelant que la société fournit aussi d’autres clients du secteur automobile.
Le marché européen du véhicule utilitaire à hydrogène se caractérise par la prudence des investisseurs et des opérateurs industriels. D’autres acteurs, tels que Renault, ont également suspendu ou arrêté des projets similaires, comme la fermeture de l’usine de Flins en début d’année. Selon Jean-Philippe Imparato, directeur de Stellantis pour l’Europe, « le marché de l’hydrogène demeure un segment de niche, sans perspectives de rentabilité économique à moyen terme », une position partagée par d’autres constructeurs hors d’Europe, à l’exception de Toyota, Hyundai et BMW qui maintiennent des programmes limités.
La stratégie de Stellantis s’inscrit ainsi dans un contexte de concurrence accrue sur le marché des utilitaires électriques, qui bénéficient d’un réseau d’infrastructures de recharge en expansion et d’un coût de production en baisse progressive. L’arrêt du programme hydrogène par Stellantis met en lumière les enjeux industriels et commerciaux auxquels sont confrontés les acteurs européens de la mobilité alternative.