Le projet de centrale nucléaire EPR au Royaume-Uni Sizewell C, porté par EDF, est contesté par un groupement d’opposants qui décrient son impact sur l’environnement et devraient porter l’affaire en justice.
L’organisation Together Against Sizewell C (TASC, ensemble contre Sizewell C) invoque notamment un approvisionnement en eau insuffisant pour refroidir la centrale sur le lieu prévu de construction, dans le Suffolk, à l’est du Royaume-Uni.
Le ministre de l’Énergie a donné son feu vert au projet fin juillet sans avoir obtenu “d’informations environnementales complètes sur les effets de la construction proposée” sur les réserves en eau, notamment potable, de la région, selon une lettre envoyée par TASC au gouvernement et consultée par l’AFP mardi.
Le document demande au ministre Kwasi Kwarteng “l’annulation de la décision accordant l’autorisation de développement”, intimant à l’exécutif de répondre avant le 16 août.
“Si la réponse n’est pas satisfaisante, la prochaine étape est de déposer une plainte auprès du tribunal” chargé des questions d’aménagement à la Haute Cour de justice, a précisé à l’AFP Rowan Smith, avocat de TASC dans cette procédure.
Le gouvernement britannique n’a pas souhaité faire de commentaire mardi. L’exécutif avait donné son feu vert le 20 juillet à ce projet alors que la guerre en Ukraine et une vague historique de chaleur ont remis l’atome au centre de la politique énergétique du pays.
Le Royaume-Uni, qui s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050, veut ainsi accélérer le développement de l’énergie nucléaire, qui ne diffuse pas de CO2 dans l’atmosphère, alors que beaucoup de ses 15 réacteurs actuels sont en fin de vie.
Mais la seule centrale actuellement en construction, Hinkley point C, projet lui aussi porté par EDF, a vu ses coûts s’envoler et n’ouvrira pas avant 2027, ce qui alimente un peu plus les critiques des opposants à ces projets pharaoniques.
En prenant sa décision publiée fin juillet, le ministre de l’Énergie était passé outre une recommandation d’un organe chargé d’évaluer le projet pour le gouvernement, qui estimait que l’autorisation ne pouvait être accordée avant de résoudre en particulier cette question de la stratégie d’approvisionnement en eau.
M. Kwarteng avait fait valoir que “le besoin très important et urgent” de cette centrale nucléaire “l’emporte sur les dommages”, et que par conséquent l’autorisation devait être accordée.
Sizewell C est un projet de centrale évalué par la presse britannique à 20 milliards de livres, comportant deux réacteurs EPR d’une puissance de 3,2 GW, dont EDF détient 80%, aux côtés du chinois CGN qui détient le reste.