Le géant des hydrocarbures Shell a annoncé vendredi que ses ventes de gaz devraient ressortir « nettement en baisse » dans ses résultats du deuxième trimestre, comparé à un « bon » premier trimestre notamment et malgré une production stable.
Shell anticipe une baisse de sa production et des dépréciations de 3 milliards de dollars
Dans un communiqué, le groupe précise aussi que sa production d’hydrocarbures est par ailleurs anticipée en repli comparé au premier trimestre en raison de maintenance dans le Golfe du Mexique, en Norvège, Malaisie et Brésil. Il note aussi que des dépréciations jusqu’à 3 milliards de dollars après impôts sont attendues dans les comptes du deuxième trimestre, qui seront publiés le 27 juillet, même si elles n’auront « pas d’impact sur la trésorerie ». L’action réagissait peu: -0,18% à 2.260,50 pence en début de séance à la bourse de Londres. Russ Mould, analyste de AJ Bell, note qu’il faut s’attendre à des résultats « moins impressionnants que lors des récents trimestres ».
Au premier trimestre, Shell avait enregistré un bénéfice net part du groupe en progression de 22% sur un an à 8,7 milliards de dollars. Les majors du secteur avaient affiché des résultats sectoriels flamboyants après une année 2022 de résultats record en raison de l’envolée des cours des hydrocarbures générée par l’invasion russe de l’Ukraine. Shell a par ailleurs créé à nouveau la controverse auprès des défenseurs de l’environnement jeudi lorsque son directeur général Wael Sawan a estimé sur la BBC qu’il serait « dangereux » de réduire la production d’hydrocarbures, arguant que cela risquait de faire rebondir les cours du brut ou du gaz et d’aggraver la hausse du coût de la vie.
Shell revient sur la réduction de sa production de brut et envisage une cotation aux États-Unis
Le géant pétrolier était par ailleurs revenu le mois dernier sur l’engagement de réduire sa production de brut de 1 à 2% par an, et table désormais sur une production « stable » jusqu’en 2030. Des annonces qui s’étaient accompagnées de plus de redistribution de trésorerie aux actionnaires. Une approche destinée à « doper la valorisation boursière de Shell » et à séduire les investisseurs mais qui pourrait avoir pour conséquence des « pressions réglementaires et politiques plus fortes », estime M. Mould.
Le directeur général de Shell a aussi « signalé qu’il est ouvert à une cotation aux Etats-Unis, ce qui serait un autre coup porté à la place londonienne », remarque M. Mould. L’autre « major » britannique, BP, a aussi annoncé en février, en marge de résultats record, un ralentissement de sa transition énergétique. Jeudi, Bernard Looney, patron BP, a affirmé lors d’un séminaire de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à Vienne qu’il faut « investir dans le système énergétique d’aujourd’hui, où, même si ce n’est pas populaire chez certains, le pétrole et le gaz représentent 55% du mix énergétique. Si nous n’investissons pas dedans, nous aurons un décalage d’offre et demande ».