Le Sénégal est désormais un pays producteur d’hydrocarbures avec l’annonce mardi par la compagnie australienne Woodside Energy du début de l’extraction de pétrole du champ de Sangomar au large des côtes sénégalaises. Ce gisement en eaux profondes, situé à environ 100 km au sud de Dakar, contient du pétrole et du gaz. Il constitue le premier projet pétrolier offshore du pays, propulsant le Sénégal dans le cercle restreint des nations productrices de pétrole après des années d’efforts et d’investissements dans l’exploration et le développement de ses ressources naturelles.
Un investissement de 5 milliards de dollars et une production de 100.000 barils par jour
Le développement du champ de Sangomar, lancé en 2020, a nécessité près de 5 milliards de dollars d’investissements de la part de Woodside Energy, qui opère le gisement en partenariat avec la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen). Cet investissement massif témoigne de l’importance stratégique du projet pour le pays et pour l’opérateur. Le projet vise une production de 100.000 barils par jour, apportant ainsi des revenus substantiels au Sénégal et permettant d’alimenter les marchés mondiaux en pétrole.
Nouvelle ère économique et industrielle pour le Sénégal
Cette première extraction de pétrole du champ de Sangomar marque le début d’une nouvelle ère économique et industrielle pour le Sénégal, comme le souligne le directeur général de Petrosen Exploration et Production, Thierno Ly. Les revenus attendus du gaz et du pétrole sont estimés à plus d’un milliard d’euros par an en moyenne sur une période de trente ans, selon Petrosen, ouvrant des perspectives de développement considérables pour le pays. Ces ressources financières permettront d’investir dans des infrastructures, des services publics et des projets de développement économique, contribuant ainsi à réduire la pauvreté et à stimuler la croissance du pays.
Enjeux politiques et environnementaux
Cependant, cette découverte soulève également des inquiétudes quant à la « malédiction » du pétrole, avec le risque que les richesses tirées des hydrocarbures n’alimentent la corruption sans profiter à la population. Le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, élu en avril, a d’ailleurs annoncé un audit du secteur minier, gazier et pétrolier, ainsi que la volonté de renégocier certains contrats jugés défavorables au Sénégal. Cette approche vise à s’assurer que les revenus pétroliers soient gérés de manière transparente et équitable, au bénéfice du peuple sénégalais. De plus, l’exploitation des ressources en gaz et en pétrole soulève des enjeux environnementaux, le Sénégal revendiquant avec force cette production face aux efforts internationaux de réduction de la dépendance aux énergies fossiles. Le pays cherche à trouver un équilibre entre le développement économique et la préservation de l’environnement, en mettant en place des mesures pour limiter l’impact de l’industrie pétrolière sur le changement climatique et la biodiversité.
Perspectives futures et diversification énergétique
Au-delà du champ de Sangomar, d’autres projets pétroliers et gaziers sont en cours de développement au Sénégal, notamment le projet Grand Tortue/Ahmeyim (GTA) à la frontière avec la Mauritanie. Opéré par le Britannique BP, ce projet devrait produire environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, diversifiant ainsi les sources d’énergie du pays. Malgré cette nouvelle ère pétrolière, le Sénégal reste attaché à la transition énergétique et à la diversification de son mix énergétique. Le pays explore les possibilités offertes par les énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire et éolienne, afin de réduire progressivement sa dépendance aux hydrocarbures et de contribuer à la lutte contre le changement climatique.
Malgré les défis à relever, le début de l’extraction du champ de Sangomar représente une étape cruciale pour l’économie sénégalaise, ouvrant de nouvelles perspectives de croissance et de développement pour le pays tout en soulignant la nécessité d’une gestion responsable et durable des ressources naturelles.