Depuis ce mercredi, les habitants de l’Équateur subissent un nouveau plan d’économie d’énergie instauré par le gouvernement. Ce programme impose des coupures d’électricité pouvant aller jusqu’à 10 heures par jour pour prévenir un effondrement du système électrique national. Le ministre équatorien de l’Énergie, Antonio Gonçalves, a annoncé ces mesures en soulignant la gravité de la situation énergétique dans le pays.
« Notre pays traverse une situation énergétique critique (…) et les projections indiquent que des décisions immédiates et fermes doivent être prises pour éviter un effondrement du système électrique national », a déclaré Antonio Gonçalves avant d’annoncer sa démission. Cette décision fait suite à un ajustement des coupures la semaine précédente, où la durée maximale avait été réduite à six heures par jour, grâce à une légère amélioration du niveau des réservoirs.
Cependant, la situation s’est de nouveau détériorée, obligeant le gouvernement à durcir les mesures. À compter de midi ce mercredi, les coupures d’électricité sont réintroduites avec une durée maximale de dix heures par jour, exception faite pour certains secteurs industriels bénéficiant d’un programme différencié.
Changement de leadership au ministère de l’Énergie
À la suite de la démission d’Antonio Gonçalves, la ministre de l’Environnement, de l’Eau et de la Transition écologique, Ines Manzano, a été nommée pour prendre en charge le portefeuille de l’Énergie. La présidence équatorienne a indiqué que Mme Manzano supervisera la transformation d’une matrice énergétique « obsolète », actuellement dépendante à 72 % des précipitations.
Elle est chargée de mettre en œuvre plusieurs projets d’énergie renouvelable déjà planifiés, avec pour objectif de garantir une plus grande durabilité et souveraineté énergétique à moyen et long terme. Le programme de coupures continuera à être appliqué de manière différenciée selon les tranches horaires et les zones géographiques, afin de répartir au mieux les effets sur la population.
Des répercussions dans tout le pays
La sécheresse prolongée, la plus longue depuis 61 ans selon le gouvernement, a réduit les réservoirs des principales centrales hydroélectriques à des niveaux historiquement bas au cours des trois derniers mois. En avril dernier, le gouvernement avait déjà procédé à des coupures d’électricité pouvant atteindre 13 heures par jour dans certaines régions. Aujourd’hui, 20 des 24 provinces équatoriennes sont placées en état d’alerte rouge.
Cette crise énergétique ne se limite pas aux seuls approvisionnements en électricité. L’impact de la sécheresse se fait également sentir dans les secteurs de l’eau potable et de l’agriculture, mettant en péril la sécurité alimentaire du pays. Depuis janvier, l’Équateur a enregistré environ 3.600 incendies de forêt, causant la mort d’une personne, blessant 41 autres, et ravageant près de 42.000 hectares de végétation.
Impact économique et agricole
Les dégâts causés par la sécheresse et les incendies se répercutent également sur le secteur agricole, essentiel pour l’économie locale. Près de 45.000 animaux de ferme ont péri en raison de l’absence d’eau et de nourriture, et plusieurs exploitations agricoles signalent des pertes importantes dans les récoltes de café, de bananes et de fleurs, ces dernières constituant des produits d’exportation stratégiques pour le pays.
En réponse, le gouvernement équatorien a intensifié les mesures de soutien aux agriculteurs et aux éleveurs touchés. Des subventions spéciales pour l’achat de fourrage et des crédits agricoles à taux réduit sont en cours de déploiement dans les provinces les plus affectées.
Perspectives à moyen terme
L’Équateur doit désormais faire face à des défis structurels pour repenser son mix énergétique. La mise en place de nouvelles infrastructures et l’intégration de projets renouvelables, comme le solaire et l’éolien, sont des priorités annoncées par la nouvelle ministre de l’Énergie. Toutefois, ces initiatives prendront du temps avant d’avoir un impact concret sur la résilience énergétique du pays.
À court terme, la priorité du gouvernement reste de stabiliser la production actuelle tout en minimisant les interruptions pour les secteurs stratégiques de l’économie. La présidence a souligné que d’autres restrictions pourraient être mises en place si la situation hydrique ne s’améliore pas dans les prochaines semaines.