La Sustainable Aviation Buyers Alliance (SABA) a lancé le 28 mai SAFc Connect, une plateforme numérique visant à relier les acheteurs d’entreprise aux vendeurs certifiés de certificats de carburant d’aviation durable (SAF). L’objectif déclaré est d’accroître la liquidité du marché et de faciliter des transactions à grande échelle, tout en garantissant l’intégrité environnementale des crédits échangés.
SAFc Connect est réservée aux membres de la SABA, dont la demande actuelle représente environ $30mn, selon un communiqué publié par l’alliance. La plateforme s’inscrit dans une stratégie plus large visant à structurer un marché encore balbutiant. En avril, la SABA a coordonné l’un des plus importants achats collectifs de crédits SAF à ce jour, engageant $200mn sur cinq ans auprès de quinze multinationales.
Une offre limitée malgré la demande croissante
Le lancement de SAFc Connect intervient dans un contexte où l’offre de SAF peine à suivre la demande. Selon les chiffres communiqués, les certificats échangés lors de la vente d’avril couvrent l’équivalent de 50 millions de gallons de SAF, soit environ 500 000 tonnes de CO₂ évités. Néanmoins, ce volume reste insuffisant pour répondre à la totalité des besoins projetés pour 2024 et 2025.
La plateforme propose aux membres un accès en temps réel aux offres de fournisseurs tels qu’Alaska Airlines, JetBlue, Valero ou International Airlines Group. Chaque offre inclut des données sur l’intensité carbone, les certifications, le type de matière première utilisée et les conditions contractuelles.
Un cadre réglementaire européen jugé contraignant
En Europe, les perspectives d’investissement sont affectées par la mise en œuvre du règlement ReFuel EU Aviation, qui impose une part de 2 % de SAF dans les carburants à partir de 2025, avec une montée progressive à 70 % en 2050. Toutefois, selon Nicole Löschl, conseillère SAF chez OMV, la stagnation du seuil à 2 % jusqu’en 2030 freine la mise en œuvre de nouveaux projets industriels.
Le désalignement entre ReFuel EU Aviation et le Système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (ETS) complexifie encore la planification pour les producteurs. L’ETS impose que les réductions d’émissions soient basées sur l’utilisation physique du SAF, ce qui limite la portée des mécanismes de flexibilité introduits par ReFuel EU.
Une valorisation fondée sur l’intensité carbone en discussion
OMV plaide pour une tarification du SAF fondée sur son intensité réelle en carbone. Le carburant produit par la société autrichienne permettrait une réduction d’environ 90 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport au kérosène conventionnel. Une telle approche offrirait une meilleure reconnaissance des gains d’efficacité dans les chaînes logistiques et un levier de valeur pour les entreprises.
Actuellement, le SAF est évalué en Europe à $1 797,50 par tonne métrique, soit 175 % de plus que le carburant aérien classique. Bien que cette prime ait baissé depuis son lancement en 2023, elle continue de peser sur les décisions d’achat, en particulier dans le marché volontaire encore restreint.