Selon S&P Global Insights, le National Grid britannique souhaite relier des zones industrielles du nord-est du Royaume-Uni. Cette transmission se ferait via des pipelines dédiés à l’hydrogène avant la fin de la décennie. Une information confirmée par le directeur de projet de la société de transmission pour l’hydrogène, Antony Green, le 11 mai.
Fraîchement annoncé, le projet semble déjà sur les rails
La construction du projet pourrait commencer en 2026, la première phase étant achevée en 2028, a-t-il précisé. Les travaux initiaux relieront les pôles de Teesside et Humberside par 100 km de pipeline d’hydrogène. Le projet a été officiellement lancé le 12 mai dernier par M. Green.
Les deux régions prévoient des projets de production d’hydrogène, mais aussi de capture et de stockage du carbone à grande échelle. Baptisé “Union”, ce projet de pipeline connaîtra une étude de faisabilité qui pourrait prendre un an. Un suivi de 18 mois est également prévu pour accompagner cette innovation.
La construction d’une première phase pourrait avoir lieu en 2026-28. Le tout serait suivi d’une seconde phase en 2027-29, pour une exploitation à grande échelle dans la décennie. L’entreprise prévoit de relier les futurs principaux centres de production par 2 000 km de conduit.
Une organisation centralisée des pipelines d’hydrogène
La majeure partie du réseau d’hydrogène sera constituée de pipelines modernisés. Ces derniers seraient plus rapides et moins coûteux selon les responsables du projet. Ils ont aussi annoncé que du matériel plus ancien pourrait être modernisé.
À travers sa prise de parole, le directeur de projet M. Green présente un réseau déjà bien établi. Pour distribuer et gérer au mieux la production d’hydrogène, ce dernier propose notamment de tout centraliser aux différents points clés. Selon des propos rapportés par S&P Global Insights, il déclare :
« Si l’on veut déployer l’hydrogène à partir des zones de production, il faut d’abord savoir où les construire. De préférence, il faudra convertir le pipeline du projet Union pour y greffer le réseau de distribution local. Cette option permettra de décarboner les villes. »
Par ailleurs, l’Hydrogen Council estimait en février 2021 que les projets de pipeline d’hydrogène représentaient plus de 300 milliards $ d’investissements en 2030. L’avancée des politiques sur l’hydrogène permet l’éclosion d’un grand nombre de projets. L’idée étant de se diriger vers des solutions énergétiques liées à l’hydrogène vert.
Les pipelines d’hydrogène concernés
Le projet Union ne compte pas passer à côté de l’opportunité de l’hydrogène issue des énergies renouvelables. Cependant, la National Grid a conscience du fait que la production d’hydrogène vert pourrait être plus dispersée, loin de ses objectifs de centralisation. La production de ce carburant se faisant au travers de multiples projets à petite échelle mis en service dans les prochaines années.
Face au nombre croissant de projets d’hydrogène renouvelable, Antony Green a évoqué un épanouissement à venir de l’Hydrogène vert. Il a notamment déclaré que ce carburant prenait une importance très concrète au vu de la Guerre en Ukraine. Cette dernière oblige certains pays d’Europe à tendre vers l’indépendance énergétique afin de s’éloigner de la Russie.
Producteur de carbone, l’hydrogène bleu ne serait pour autant pas voué à disparaître. Selon des propos rapportés par S&P Global Insights, M. Green déclare :
« Je ne pense pas que cela élimine du tout l’hydrogène bleu, car nous aurons besoin de volumes provenant de l’hydrogène bleu au Royaume-Uni. »
Une innovation venue d’autres industries
Les commanditaires considèrent le projet Union comme une stratégie à double voie. Ce dernier permettrait de construire un réseau de canalisations d’hydrogène dans un premier temps. Ensuite, ce projet sera présenté à l’infrastructure de gaz naturel déjà existante.
National Grid a pour objectif de dédier ces premiers pipelines 100% hydrogène aux pôles industriels de la côte est. Cependant, le mélange pourrait être un moyen d’y parvenir plus facilement, selon S&P Global Insights.
L’objectif est de construire un « réseau sans regret », a déclaré M. Green. Cela signifie que les pipelines d’hydrogène auraient le potentiel de décarboner l’industrie, l’électricité et le chauffage partout où il serait construit. Une décision sur le rôle de l’hydrogène dans le chauffage doit être prise par le gouvernement dans les prochaines années.
Une inspiration venue de l’étranger
Les directeurs du projet Union comptent s’inspirer de ce qui a pu se faire aux Pays-Bas avec Gasunie. Selon le gouvernement néerlandais, avec l’aide de cette société, il aurait déjà “plusieurs années d’avance” sur le Royaume-Uni.
Les Pays-Bas investissent beaucoup dans la production d’hydrogène ces dernières années. Par exemple, Air Product a annoncé le projet de la plus grande station à hydrogène des Pays-Bas. Cette dernière sera dédiée à la création de carburant des véhicules lourds, selon H2 Mobile.
En octobre 2021, le gouvernement britannique a avancé son objectif de décarbonisation du réseau électrique du pays pour 2035. Dans son plan, il a déclaré qu’il rendrait propre en carbone 95 % du réseau d’ici 2030. L’hydrogène est vu comme une solution de secours en cas de sous-productivité de l’éolien ou du solaire due aux aléas météorologiques.
Un projet réalisable dans les temps ?
National Grid négocie avec le ministère des Affaires, de l’énergie et de la stratégie industrielle (BEIS) autour du soutien financier de ses projets. Le premier système de canalisation d’hydrogène pourrait être prêt avant 2030, selon eux.
Néanmoins, M. Green avoue qu’il serait difficile d’observer un réseau de production et d’approvisionnement opérationnel à temps. Il commente par ailleurs :
“National Grid pourrait construire le pipeline avant l’émergence de la première demande, mais l’entreprise ne voudrait pas qu’un pipeline vide attende trop longtemps.”
Le projet Union pourrait être relié à des centres de production situés dans le sud du Pays de galles afin de ne pas tourner à vide. Ce dernier pourrait être mis en relation avec des pipelines utilisés pour le transport du GNL. Selon National Drid, il serait possible de convertir l’un des deux conduits à l’utilisation de l’hydrogène selon le soutien financier du gouvernement.