La société pétrolière et gazière publique russe Rosneft a officiellement acquis le contrôle de Vostok Engineering, détentrice de la licence du projet minier de Tomtor, situé dans la République de Sakha (Yakoutie), à l’extrême-orient russe. L’information a été confirmée par une inscription datée du 20 mai dans le Registre unifié des entités juridiques de Russie, selon S&P Global Commodity Insights.
Ce gisement, également appelé Tomtorskoye, contient des réserves importantes de niobium et de terres rares. Le site reste encore inexploité, mais les premières estimations du secteur Buranniy indiquent entre 11,4 et 13,2 millions de tonnes de minerai exploitable à ciel ouvert, avec une teneur moyenne de 5,9 % en oxyde de niobium (environ 780 000 tonnes) et de 15 % en oxydes de terres rares, soit jusqu’à 2 millions de tonnes.
Un transfert révélateur d’un désintérêt privé
Le transfert du projet à une entreprise pétrolière publique reflète la désaffection des acteurs miniers privés pour ce segment. Le marché intérieur russe ne consomme qu’entre 1 400 et 1 500 tonnes de terres rares par an, rendant peu attractifs ces projets pour les investisseurs. Selon un analyste basé à Moscou, qui a souhaité rester anonyme, ce changement souligne l’intérêt de l’État à maintenir le contrôle sur une filière jugée stratégique malgré une faible demande.
Le site de Lovozersky GOK, opérant dans l’oblast de Mourmansk, demeure le seul site russe à extraire actuellement certains de ces éléments, à partir de minerais de loparite. Il est détenu par la société publique Rosatom. Le gisement de Tomtor est néanmoins considéré comme le plus prometteur du pays, en raison de la richesse de ses concentrations en métaux.
Une exploitation prévue dès 2027
L’entrée en exploitation du site pourrait débuter dès 2027, selon le même analyste, qui affirme que « Rosneft exécutera la commande sans défaillir ». Des premières livraisons pourraient être envoyées vers la Chine pour traitement, ou vers l’usine de magnésium de Solikamsk, appartenant à Rosatom, à condition d’y installer une unité dédiée de valorisation du minerai.
Le président Vladimir Poutine avait déclaré en novembre 2024 que les précédents titulaires de la licence, attribuée en 2014 et valable jusqu’en 2034, n’avaient pas investi suffisamment dans le développement du projet. Il avait invité les exploitants à s’associer avec d’autres partenaires pour accélérer la mise en production.
La lenteur du développement des terres rares en Russie est attribuée à plusieurs facteurs, dont le manque de technologies adaptées, la rupture des relations commerciales avec l’Union européenne, et une demande nationale réduite.