Le géant minier australien Rio Tinto a annoncé mercredi son intention de réduire de 50% ses émissions directes de carbone d’ici à 2030, renforçant ainsi ses objectifs précédents dans le cadre de ses efforts pour rendre ses activités très polluantes plus écologiques.
Rio Tinto va réduire ses émissions de GES de 50%
Rio Tinto a déclaré qu’il dépenserait environ 7,5 milliards de dollars d’ici à la fin de la décennie pour réduire les émissions dites de portée un et deux – provenant des opérations minières et de la consommation d’énergie.
« Les gouvernements fixent des objectifs plus ambitieux et accélèrent leurs actions en matière de changement climatique », indique un communiqué, soulignant la nécessité pour l’entreprise de « rester pertinente ». « La société dans son ensemble exige également que les entreprises prennent davantage de mesures pour décarboniser ».
Le titan minier fait face depuis des années à des critiques concernant la pollution générée par ses activités, notamment les déchets toxiques d’une mine en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
L’exploitation minière responsable d’un tiers des émissions de GES mondiales?
Les consultants de McKinsey ont estimé que l’exploitation minière est responsable de 4 à 7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais ce chiffre atteint presque un tiers du total mondial si l’on tient compte des émissions indirectes, qui ne sont pas incluses dans l’objectif de Rio Tinto.
Il s’agit notamment des émissions provenant d’autres personnes qui brûlent le charbon des mines ou utilisent le minerai de fer pour fabriquer de l’acier.
L’engagement de Rio Tinto intervient à quelques semaines d’un important sommet international sur le climat qui se tiendra à Glasgow et qui vise à décarboniser une grande partie du monde d’ici à 2050. L’objectif 2030, qui, selon Rio Tinto, représente un triplement de l’objectif précédent, fera pression sur le gouvernement australien pour qu’il suive le mouvement.
L’Australie vise la neutralité carbone d’ici à 2050
Le Premier ministre Scott Morrison a adopté à contrecœur un objectif de neutralité carbone pour 2050 après des années de tergiversations, et sous la pression diplomatique des États-Unis et d’autres alliés. Mais il subit également la pression de ses partenaires de coalition qui aiment le charbon et a jusqu’à présent reculé devant la fixation d’un nouvel objectif pour 2030.
Morrison dispose d’une majorité parlementaire minuscule et doit faire face à une rude bataille pour sa réélection, ce qui signifie qu’il est peu probable qu’il se rende à Glasgow avec un objectif significatif à court terme dans sa poche. Selon ses détracteurs, cela laisse présager que la question sera renvoyée à la prochaine génération de dirigeants australiens et que l’objectif de 2050 aura moins de chances d’être atteint.
L’un des plus grands exportateurs de charbon et de gaz au monde
L’Australie est l’un des plus grands exportateurs de charbon et de gaz au monde et son économie est fortement tributaire du secteur minier. Greenpeace Australie-Pacifique a salué la décision de Rio Tinto « comme un indicateur de l’évolution rapide de la dynamique des entreprises en matière de réduction des émissions ».
« Nous voyons maintenant l’un des plus gros pollueurs du pays dépasser le gouvernement fédéral dans son engagement climatique », a déclaré Greenpeace. « Les faibles objectifs climatiques de Scott Morrison ne sont pas adaptés à la situation, car la transition énergétique des entreprises les réduit à néant. »