La République Tchèque doit durcir ses objectifs énergétiques et climatiques selon l’examen de l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA). L’enjeu principal est d’éliminer le charbon, qui représente près de la moitié de la production d’électricité.
La République Tchèque doit s’émanciper du charbon
Le constat est édifiant : le pays doit redoubler d’effort pour atteindre les objectifs énergétiques et climatiques de l’Union Européenne (UE) pour 2030. La République Tchèque doit éliminer progressivement le charbon de manière plus précoce que prévu.
Pour l’instant, le charbon représente toujours près de la moitié de la production d’électricité du pays. Il correspond aussi à un quart de sa demande de chauffage résidentiel. Même jusqu’aux années 2030, le charbon devrait donc conserver son rôle prépondérant dans le mix énergétique tchèque.
Un risque économique et politique pour la Tchéquie
Mais l’élimination progressive de cette énergie pose des défis en matière de sécurité énergétique. D’une part parce que le charbon est une énergie souveraine, produite sur les terres tchèques. Le secteur emploi donc un contingent très important de travailleurs. D’autre part, parce qu’il est une manne financière à l’export. De fait, la diversification des sources d’énergie fait peser un risque économique et politique certain sur le pays.
Mais l’IEA relève que le charbon sera de moins en moins compétitif par rapport aux autres sources énergétiques. Par conséquent, la décarbonation tchèque est, sur le long terme, inéluctable d’un point de vue écologique, mais aussi économique et politique.
Mais la consommation de charbon baisse tout de même
Entre 2009 et 2019, le pays n’est pas coupable d’une politique pro-charbon, puisqu’il en a réduit sa consommation. Par conséquent, les émissions de charbon ont baissé de 14%. Entrainant également une réduction de 15% de l’intensité carbone de l’économie et de 22% de l’intensité carbone de la production d’électricité et de chaleur.
Cependant, les différents indicateurs tchèques restent supérieurs à la moyenne des pays étudiés par l’IEA. Mieux utiliser les signaux de prix du carbone pour encourager l’utilisation de combustibles moins gourmands en carbone et accroître l’efficacité énergétique sont les recommandations principales du rapport. Aussi, il incite le gouvernement à reverser une partie des recettes de la taxe carbone vers les ménages plus modestes.
Le pays améliore son efficacité énergétique
En outre, l’IEA rapporte que le pays a amélioré son efficacité énergétique depuis son dernier examen de 2016. Ce, en déployant un nombre croissant de programmes, en particulier dans les secteurs du bâtiment et de l’industrie. L’organisme félicite également les mesures visant à faciliter le financement de l’efficacité énergétique dans le secteur résidentiel.
D’ici à 2030, l’Agence souhaite que la République Tchèque place l’efficacité énergétique au centre de l’élaboration de sa politique énergétique. Dans son rapport, l’organisation encourage ainsi le pays à créer une agence dédiée à l’efficacité énergétique pour la mise en œuvre de ses programmes d’appui.
Accompagner la population dans cette transition
Fatih Birol, directeur exécutif de l’IEA, insiste :
« Le passage de l’énergie au charbon à des alternatives à faible émission de carbone doit se faire d’une manière qui soutient les personnes et les communautés touchées par les changements. »
Ainsi, la République tchèque doit se préparer à une élimination progressive du charbon, tout en conservant emplois et soutien aux plus défavorisés. Le rapport préconise pour cela d’utiliser les fonds et mécanismes disponibles de l’Union Européenne.