Le Kurdistan d’Irak va reprendre « dans deux jours » ses exportations de pétrole vers la Turquie, interrompues depuis samedi dernier, après que Bagdad et Erbil se sont accordé sur la gestion du brut kurde, a-t-on appris samedi de sources gouvernementales.
Le dossier du pétrole empoisonne de longue date les relations entre les autorités de Bagdad et celles du Kurdistan d’Irak, région autonome du nord du pays. Les deux entités ont indiqué toutefois avoir trouvé un accord, permettant une reprise « dans deux jour » des exportations de pétrole du Kurdistan d’Irak vers le port turc de Ceyhan, a indiqué un responsable du gouvernement irakien à l’AFP sous le couvert de l’anonymat. Un responsable kurde irakien a confirmé cette information à l’AFP, tout en souhaitant conserver l’anonymat.
« Les ventes de pétrole du Kurdistan passeront désormais par (l’entreprise pétrolière de l’Etat irakien) Somo », a déclaré le responsable de Bagdad. C’est-à-dire qu’Erbil ne fera plus cavalier seul dans la gestion de son pétrole, ce qui exaspérait le gouvernement fédéral.
En outre, un « comité conjoint » formé par les deux gouvernements surveillera le « processus d’exportation du pétrole du Kurdistan ».
Enfin, les revenus engrangés seront versés sur un compte « surveillé par Bagdad », a expliqué le responsable kurde. Sur le papier, cet accord met un terme provisoire à une dispute qui met aux prises Bagdad, Erbil et Ankara. Samedi dernier, la Turquie avait cessé d’importer du pétrole depuis le Kurdistan irakien, après une décision de justice en faveur du gouvernement fédéral. En 2014, Bagdad avait intenté une procédure contre son voisin turc auprès du tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale à Paris, suite à l’annonce d’Ankara d’importer du pétrole depuis le Kurdistan d’Irak pour l’acheminer jusqu’au port de Ceyhan.
Le gouvernement irakien était fermement opposé à la décision turque, estimant être le gestionnaire exclusif de ce pétrole. Faisant fi de l’opposition de Bagdad, Erbil s’est mis à exporter vers la Turquie. Aujourd’hui, ces exportations se montent à environ 450.000 barils par jour (bpj). Le gel des exportations kurdes avait notamment contraint la compagnie norvégienne DNO, un des principaux producteurs de pétrole au Kurdistan d’Irak, à arrêter ses opérations dans la région.
Erbil estime que le gouvernement central cherche à faire main basse sur ses richesses. Bagdad, de son côté, veut avoir son mot à dire dans l’exploitation des hydrocarbures sur tout le territoire irakien.
Deuxième pays de l’Opep, l’Irak exporte en moyenne 3,3 millions de barils de brut par jour.