Rejet de Résidus Toxiques dans l’Athabasca?

Les entreprises d'extraction de sables bitumineux souhaiteraient pouvoir rejeter leurs résidus traités dans l'Athabasca, au Canada. Or, cela pourrait engendrer de graves répercussions environnementales dans l'un des plus grands deltas d'eau douce du monde.

Le rejet de résidus et d’eaux traité dans l’Athabasca, au Canada, apparaît comme une solution pour l’industrie des sables bitumineux. Pour ce faire, le secteur des sables bitumineux a présenté plusieurs propositions allant dans ce sens. Cependant, le rejet de ces résidus dans l’Athabasca, une rivière au nord de l’Alberta, pourrait engendrer de graves dommages environnementaux.

Un rejet nécessaire?

En l’état actuel des choses, les entreprises de sables bitumineux ne peuvent rejeter leurs eaux traitées dans l’environnement. Cependant, cela risque de changer d’ici 2025 avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation. Cette dernière encadrera la manière d’évacuer les résidus traités dans l’Athabasca.

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Charles Dumaresq, vice-président de la science et de la gestion environnementale de la Mining Association of Canada (MAC), commente:

« Les volumes d’eau stockés dans les bassins de résidus équivalent à environ 2% du débit annuel de la rivière Athabasca, mais ils seraient libérés sur de nombreuses années. »

Les résidus se composent d’eau, d’argile, de sable, de bitume résiduel et de métaux à l’état de trace. Ce mélange toxique est un sous-produit de l’extraction du bitume des sables bitumineux. Puisqu’ils ne peuvent être rejetés dans les cours, ils sont stockés dans de grands bassins artificiels.

Certains bassins stockent les résidus depuis les années 1960. Le volume total accumulé de tous les bassins se monte à 1,36 trillion de mètres cubes en 2020. En comparaison, ce chiffre était de 1,07 trillion en 2017.

L’argument avancé par l’industrie des sables bitumineux pour le rejet de ses résidus est la remise en état des terres contaminées. Rodney Guest, directeur de l’eau chez Suncor Energy, déclare à ce propos:

« L’eau doit aller quelque part. Jusqu’à présent, nous avons tout fait sauf libérer l’eau…Bien que d’autres options [de gestion de l’eau] soient en jeu et que nous en ayons utilisé beaucoup, elles ne peuvent pas remplacer la nécessité de libérer l’eau. »

En termes de coûts, M. Guest ajoute:

« Le coût serait substantiel, mais qu’il serait difficile de le quantifier tant que les organismes de réglementation n’auront pas déterminé exactement les critères que les entreprises doivent respecter. »

Risque environnemental

Pour les associations de protection de l’environnement, de tels rejets dans l’Athabasca pourraient avoir des conséquences écologiques néfastes, en amont, mais aussi en aval. Effectivement, en contrebas, se trouve le parc de Wood Buffalo.

Pour Jesse Cardinal, directeur exécutif de Keepers of the Water:

« L’évacuation des résidus n’est pas sûre, aucun test indépendant n’a été effectué pour prouver que ce que les entreprises de sables bitumineux disent est vrai. »

Le parc de Wood Buffalo pourrait être ajouté à la liste des sites du patrimoine mondial en danger. Il s’agit du plus grand parc national du Canada et il contient l’un plus grand Delta d’eau douce du monde. De surcroît, les deltas d’eau douce sont des lieux qui présentent des écosystèmes riches en biodiversité. Par ailleurs, la sécheresse a durement touché le site, poussant l’UNESCO à réagir.

 

Illustration par Farisa Abbas

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