La République islamique d’Iran accueille mercredi Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), pour une série de discussions capitales autour de son programme nucléaire controversé. Cette visite, décrite comme cruciale par les observateurs, intervient dans un climat de méfiance exacerbé entre l’Iran et l’Occident.
Le déplacement de M. Grossi suit de près des déclarations du ministre israélien de la Défense, affirmant que les installations nucléaires iraniennes sont « plus exposées que jamais » à des frappes. Cette rhétorique reflète les craintes persistantes d’Israël face à un éventuel accès de l’Iran à l’arme nucléaire, une ambition que Téhéran dément avec insistance.
Des marges de manœuvre réduites
Lors d’un entretien à l’AFP, Rafael Grossi a souligné l’urgence de trouver une issue diplomatique. L’AIEA, bien qu’autorisé à effectuer des inspections en Iran, réclame davantage de visibilité sur les installations nucléaires iraniennes. Selon M. Grossi, « la profondeur et l’ambition du programme iranien » nécessitent des garanties supplémentaires.
Le programme nucléaire iranien a connu un essor malgré les limitations prévues par l’accord de Vienne signé en 2015. Après le retrait des États-Unis de cet accord en 2018, Téhéran a intensifié ses activités d’enrichissement d’uranium, atteignant des niveaux proches des 90% nécessaires pour une arme nucléaire, contre un plafonnement initial à 3,65%.
Un contexte international tendu
La visite de M. Grossi intervient dans un moment stratégique, marqué par l’élection de Donald Trump à la présidence américaine. Lors de son premier mandat, M. Trump avait mené une politique de « pression maximale » contre l’Iran, retirant les États-Unis de l’accord de 2015. Il a récemment déclaré vouloir éviter une confrontation directe avec Téhéran, tout en réaffirmant l’intransigeance des États-Unis sur la non-prolifération nucléaire.
Du côté iranien, le président Massoud Pezeshkian se montre ouvert à une reprise des négociations dans l’espoir d’un allègement des sanctions économiques, mais les pourparlers restent dans l’impasse. Les inspections des sites nucléaires ont été drastiquement réduites depuis 2021, aggravant les tensions entre l’Iran et l’AIEA.
Héritage historique et perspectives
Le programme nucléaire iranien, lancé dans les années 1950 avec l’aide des États-Unis, est sous le contrôle du Traité de non-prolifération (TNP) ratifié par l’Iran en 1970. Cependant, des divergences sur son usage civil ou militaire persistent. Si l’Iran affirme son opposition religieuse à l’arme nucléaire, les critiques soulignent les risques liés à l’accumulation de matières fissiles.
Les résultats des discussions entre Rafael Grossi et les dirigeants iraniens seront décisifs pour clarifier les intentions de Téhéran et atténuer les tensions régionales.